– Jacques... Jacques !...
Ce n'est pas pas parce qu'on n'aime pas l'état vacant qu'il ne faut pas prendre de vacances. Ainsi fut organisée une absence d'une journée entière (mazette !) occasion d'un voyage éclair au cœur du Berry profond. Un dépaysement sans nom pour un parisiano-champenois d'origine gasconne. Destination Avaricum, ou plutôt sa version moderne, Bourges.
Peu familier des lieux, on demanda un guide. Mais pas n'importe lequel...
– Jacques... Jacques !...
– Oui mon cœur ?...
– C'est le seigneur du Fourneau... il se dit grand connaisseur de coquilles et d'écriture avec le plomb. Il voudrait une escorte pour parcourir la ville !...
– Pour ce qui est de la coquille, je vois bien mais je ne connais point l'écriture avec le plomb. C'est sûrement là œuvre d'alchimiste à moins que ce ne soit une nouvelle diablerie ourdie par le Saint Empire...
– N'oubliez point, mon ami, la devise que vous vous êtes donnée...
– « A vaillans cœurs riens impossible »...
et accédez à la requête de notre visiteur.
– Oui, Madame, ce n'est que justice, je leur accorde bien volontiers l'escorte d'un couple de nos amis.
Et puisque cette venue est une fête,
allez, musique !...
Battement de tambour, triolets à la flûte... Commençons, pour honorer Monsieur du Fourneau, par la rue anciennement nommée...
... poursuivons gaiement, par la rue nouvellement nommée...
... avec ses deux fois dix qui nous rappellent la présence romaine...
... tout comme le relief de ces lettres en terre nous rappelle celui d'autres en plomb... Il aurait été utile, toutefois, de commencer par le commencement. Pour bien faire, plaçons-nous donc au pied de la lettre.
Avant de passer au texte, et peut-être à la littérature.
Oui, c'est vrai... un début bien pauvre pour la littérature... mais la lettre est présente (c'est déjà ça) qui commence à se tailler une belle réputation. Et cela depuis Geoffroy Tory, un natif de la ville.
Quand, trop vieille ou trop timide, elle ne décide pas avec discrétion de s'effacer...
... du plâtre sur laquelle elle avait élu domicile,
elle resplendit dans sa jeunesse dorée.
Toutes les formes lui vont, tous les états aussi, et toutes les natures. Comme elle s'est déjà affirmée en relief et à plat, elle s'affirme encore en creux...
Mais la littérature me direz-vous ? Où est-elle dans tout ça ? Jetée dans la poubelle de tout à l'heure ?... Non. Elle est tout bonnement dans l'escalier, comme la concierge d'autrefois.
[Intermède avec deux chandelles foulées en creux comme deux i au point vacillant.]
Lettres et littérature ?
En voici, en voilà. Il convient simplement de s'approcher...
... pour voir l'esprit de Pérec flotter derrière les croisillons.
(Une pause... un recul, une vue d'ensemble... tiens, une librairie...)
Quelques maîtres mots...
pour feindre d'oublier qu'aujourd'hui comme d'antan,
les typographes ne sont bons qu'à être jetés au feu.
[fin de la visite]
Document generated in 0.08 second