Typo mosaïquée

Une typo mosaïquée laissée sur un mur du Marais parisien à l’attention des passants qui passent, préservée pour les plus curieux d’entre-eux, ou les moins indifférents. Une linéale assez bien réalisée avec des courbes qui se courbent bien. Certes, lors de son sauvetage de la destruction pour cause de changement d’affectation de la boutique, elle a perdu une colonne à l’extrême gauche mais qu’importe, l’essentiel est préservé et on lit bien l’inscription.

On la lit bien ? En est-on sûr ? L’expression « PAPIER TIMBRES » n’existe pas. Il faudrait lire « PAPIER TIMBRÉS ». Pourquoi cet accent qui manque alors qu’il aurait été facile à l’habile mosaïqueur de fabriquer un accent sur le E, il a fait bien plus difficile avec les courbes des des B, des P, des R et des S ? Par manque de savoir typographique ? Peut-être. Probablement. Si la typographie numérique contemporaine accentue toutes les capitales, la typographie traditionnelle au plomb, limitée par le nombre relativement réduit des cassetins de la casse n’accentuait que les E car l’absence d’accent sur cette lettre pouvait changer le sens du texte. Ce qui est le cas ici. Cela a été dit mille fois (ou plus) et répété mille fois (au moins). Mais il n’y a pas de cassetin qui manque en mosaïque ; pourquoi n’a-t-on alors pas pris la peine d’enseigner au mosaïqueur-typographe ce rudiment de l’art typographique qu’est l’accentuation des capitales ?