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Category : Alphabet - by cls

Encore un porche

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Après le porche aux initiales LN d’il y a quelques jours, un porche aux initiales AB. Ce début d’ordre alphabétique m’a rappelé une lecture ancienne... et je suis allé dans la bibliothèque chercher le livre qui contient ce souvenir. Les Amusemens philologiques de Gabriel Peignot, chez Renouard, en 1808. On y trouve ce poème pseudo-acrostiche, du quasi-anonyme M..., titré Alphabet moral à l’usage des grands enfants :

Adore la vertu, le reste est arbitraire ;
Bénis-la dans ton cœur ; c’est là son sanctuaire.
Connais tous tes devoirs : sois bon, sois tolérant.
Dans tout, hors la vertu, demeure indifférent.
Enrichis-toi, mortel, mais par la bienfaisance ;
Fais le bien sans l’espoir de la reconnaissance.
Garde ta haine au mal et pardonne aux méchans.
Héros est le mortel qui commande à ses sens.
Insensé qui combat l’injure avec l’injure !
Képler lisait aux cieux ; consulte la nature.
L’ami de la vertu ne craint pas d’ennemis.
Maîtrise le destin en t’y montrant soumis.
Ne choisis un ami que pour l’amitié même.
Or vil ! serais-tu donc, hélas ! le bien suprême ?
Plus encore qu’à ton prince, obéis à la loi.
Qu’il est doux, qu’il est beau d’être bien avec soi !
Rends à la vérité son culte légitime.
Sois-en, s’il le fallait, le prêtre et la victime.
Temporise longtems, longtems avant d’agir.
Veille sur toi sans cesse avant de t’applaudir.
Use, n’abuse pas, c’est le refrein du sage.
Xénophane, dit-on, n’aimait que la vertu.
Yvre de tous les arts, d’un seul art fais usage.
Zéphir est ton emblême, ô femme, qu’en dis-tu ?

Poème hautement moralisateur, on le constate, fondé sur une morale chrétienne mâtinée de sagesse antique, dont on a conservé l’orthographe d’époque. Quelques menues réflexions alphabético-typographiques s’imposent, suite à sa lecture.

On note l’absence d’un « vers J » ; le J était encore considéré comme une variante graphique du I. En revanche, curieusement, le V et le U sont bien distincts alors qu’ils ont été de la même façon considérés comme deux variantes graphiques d’une lettre unique à la fois voyelle et consonne. Le « vers V » précède le « vers U », preuve de leur équivalence dans l’esprit de l’auteur du poème. On note encore l’absence d’un « vers W ». Le W, en tant que lettre « autonome », ne faisait pas partie de notre alphabet à l’époque. Il était considéré comme un simple doublement de la lettre V.


Creation date : 24/09/2025 @ 10:48
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