Elle avait sous sa toque de martre, sur la butte Montmartre, un p'tit air innocent, mais fallait surtout pas s'y fier. Elle s'appelait Rose, certes, et elle était belle, mais sa vieille aïeule lui avait dit qu'il fallait faire gaffe pour ne point perdre cette vêprée, ni les plis de sa robe pourprée, ni son teint au vôtre pareil. Oui, fallait faire drôlement gaffe. Et du matin jusqu'au soir, la vieille, lui répétait jusqu'à la nausée « Si tu crois petite que ton teint de rose, ta taille de guêpe, tes mignons biceps, tes ongles d'émail, ta cuisse de nymphe et ton pied léger xa va xa va xa va durer toujours... ce que tu te goures ! » Marre qu'elle en avait, la petite, d'entendre tous les jours cette même serinette. Mais ça finissait par lui entrer dans le crâne comme une évidence première. Elle finit par répliquer à Mémé : « Je sais qu'on est bien peu de chose et mon amie la rose me l'a dit ce matin. À l'aurore je suis née, baptisée de rosée je me suis épanouie, heureuse et amoureuse aux rayons du soleil. Et pour que ça continue, je suis pas folle, je vais aux sports d'hiver. Parce que le froid, ça conserve. J'ai vingt-six ans, ma vieille ridée, et je t'emmerde en attendant ! »
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