Quand on se met à parler de plomb avec des lettres dessus, surtout quand on est sur un blog de typographe, on pense toujours au caractère avec son œil, ses talus, sa tige, son cran et parfois ses accents du terroir. Ben là, c'est pas du tout ça. C'est bien du plomb – 100 %, pas une trace d'étain ni d'antimoine – on y voit bien des lettres (et des chiffres) mais ça ne sert pas au texte, ça sert à sceller, à empêcher la fraude. D'où viennent-ils ? C'est marqué dessus : EGF, Électricité et Gaz de France, pour les compteurs... D'un côté des plombs, ce nom maintenant démantibulé, plus une date (un millésime) et de l'autre, un numéro. Celui de l'agent qui, une fois le travail terminé, pose le scellé avec sa pince personnelle. Y'a de l'humain derrière tout ça car les agents connaissaient les numéros des collègues de leur secteur et pouvaient se dire en examinant un plomb qu'ils avaient rompu : « Tiens, c'est Machin qui est passé la dernière fois ». Confidence obtenue d'un d'entre eux. Un qui a fouillé le fond de sa sacoche pour m'offrir ces quelques épaves touchantes d'un temps révolu. Les plombs des compteurs sont en plastique maintenant et la typo traditionnelle a du plomb dans l'L.
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