On ignore si dames ou damoiselles passent du temps à parcourir les pages du blog de ce site. On ignore de même la fréquentation des messieurs et damoiseaux. Et peu importe.
L'image ci-dessus pourrait mettre en émoi la première de ces catégories de personnes. Ce n'est pas dans un tel but, plutôt trivial, qu'on l'a placée ici. Cette image n'est rien d'autre que le fragment d'une publicité de rue (placée sous verre, ce qui explique la superposition du réel à l'image) où nos gentils publicitaires se sont amusés (cela commence à ne plus être trop neuf) à inverser l'un de leurs poncifs majeurs de vente (donner à voir de la femme à poil) en utilisant un adonis imberbe du torse mais mal rasé des joues (signe de moderne virilité) pour séduire la consommatrice de base censée se pâmer devant un tel spectacle. S'il n'y avait que cela dans cette image, on n'aurait pas pris la peine d'en infliger la vue aux passants de ce site plutôt orienté littérature et typographie. Cela suffit bien de trouver de telles images dans la rue. On n'entamera pas non plus de discours sur la chosification de l'homme qui crée maintenant parité avec celle plus ancienne de la femme. Laissons cela aux aux tenants des gender studies. Notre créneau est la typographie, montons dessus et observons.
Trois écritures sont présentes. Sur la poitrine du post-éphèbe, une scripte volontaire, L'HOMME écrit de main de femme, dans un rouge qui suggère, bien sûr, le désir et l'improvisation savamment étudiée. Car, foin du crayon ou du marker comme outil, n'aurait-on pas utilisé un bâton de rouge à lèvres ? Pas mal, mais plus intéressants toutefois sont les deux mots sur les poignets de femmes.
Le vice est typographié en gothique et la vertu en ronde (ou pour tout le moins en écriture d'écolière studieuse). Une opposition qui ne manque pas de nous faire penser à celle que ce pays a vécu au siècle dernier entre 1939 et 1945. Le vice allemand et la vertu française. Alors quoi, messieurs les publicitaires... on tambouille encore et toujours les mêmes vieux ragoûts, ça manque un peu d'imagination, ça sent trop le réchauffé. Pour changer, pourquoi pas : le vice gras, la vertu maigre (on est encore dans le poncif, mais typographiquement moins usé), ou le vice allongé, la vertu en caractère droit ? Ou le vice dans un caractère au dessin mou (Hobo, par exemple) et la vertu dans un caractère au dessin simple et épuré (Futura light). Il y a tant de solutions possibles...
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