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On va vous faire part — Ô joie ! — de l’arrivée dans l’atelier d’une nouvelle machine. Pas une machine à imprimer, non. Une machine beaucoup plus petite qui va servir, de temps en temps, quand ce sera nécessaire, à la composition « fantaisie ». Une petite machine à cintrer les filets et les interlignes de plomb (la pièce de 50 centimes est là pour donner une idée des dimensions de la machine).

Tout le monde sait cela, du moins tous les nobles lecteurs des billets de ce blog, les filets et interlignes de plomb sont fragiles. Ce sont des petites lames qui impriment (les filets) ou qui créent du blanc entre les lignes de composition d’un texte (les interlignes). La plupart du temps, on utilise ces éléments de composition en les laissant droits, comme on les a fabriqués. Mais dans certains cas, lorsqu’on désire créer des compositions qui ne sont pas rectilignes, on a besoin de courber filets et interlignes. Lorsque les courbes désirées ne sont pas très prononcées, on peut tenter de les réaliser à la main. Mais attention à la casse. Contrairement au cuivre ou au fer, le plomb (enfin, l’alliage typographique plomb-antimoine-étain) n’est pas pliable à volonté. Passé une certaine courbure, il casse irrémédiablement. C’est pourquoi le bipède humain, si prompt à se créer de nouveaux outils quand le besoin s’en fait sentir (arc, flèche, épée, canon, mitraillette, bombe, drône incendiaire, etc.) s’est empressé de créer la machine à cintrer les filets.

Comment ça fonctionne, une telle machine ? Très simplement. On coince le filet de plomb entre deux forts filets de laiton courbés, et on l’oblige à se courber comme eux. Comme il est coincé entre les deux, il ne se casse pas, il se courbe. Simple et pas bête, hein ? Fallait toutefois y penser.

On voit ici l’un de ces filets de laiton courbés.

On fait avancer progressivement la lame de plomb entre les deux filets de laiton qui ont la courbure souhaitée, et on serre à l’aide de la vis à gros volant, que l’on voit bien sur la première photo, pour le forcer à se courber. Ici, pour l’exemple, c’est une interligne. Elle est déjà un peu ressortie, courbée.

Deux essais. On s’aperçoit que l’on n’est pas obligé d’obtenir des courbures régulières, mais qu’en changeant la lame de sens et en la coinçant entre des filets laiton de différentes courbures, on peut obtenir des résultats non circulaires.
La curiosité aidant, je suis allé farfouiller dans ma documentation technique pour trouver des traces de fabrication française d’une telle petite machine, et je n’ai rien trouvé. Mais dans un catalogue de 1892 de la fonderie américaine MacKellar, Smiths & Jordan…

Ma petite machine, achetée à un confrère des environs de Bordeaux, aurait-elle franchi l’Atlantique avant de venir se blottir dans mon atelier ?
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