Un récent voyage dans les périphéries incertaines de la Capitale nous a permis de vérifier que la typo n'était pas réservée aux seuls yeux, à la seule appréciation visuelle. Le multimedia contemporain nous laisse accroire que nos sens sont seulement deux : vue et ouïe et qu'en dehors de ces deux-là nul salut n'est possible. On attend, du côté de par-ici, sous notre moustache, que des scientifiques de haut niveau se penchent sur le haletant problème de la transmission via le Net des sensations tactiles, odoriférantes et gustatives car pour l'instant l'homo informaticus n'est qu'un ersatz incomplet du sapiens sapiens ordinaire. Ce qui nous défrise grave la moustache à nous, du côté du côté de par-ici. Donc, m'sieurs-dames les scientifiques, au taf, au taf, et que vos travaux aboutissent à une diffusion en ligne pour les sens manquants. En ADSL haut débit, comme il se doit, l'immédiateté des sensations est un prérequis obligatoire.
Or donc, en nos banlieues incertaines, nous pûmes consommer de la typo. Non pas avec les yeux comme un trivial tout-un-chacun mais bel et bien avec la bouche, les dents, la langue, l'œsophage et l'estomac. Et, par notre moustache, elle avait drôlement bon goût, la drôlesse. Une antique (une linéale, si on préfère la vox dei) un peu allongée sur sablé du Poitou... Son nom ? La Goulibeur ! Sa graisse ? Pur beurre d'Échiré !
On notera au passage que même la typographie comestible se dote d'accents sur les capitales. Et de points sur les « I », confort extrême, pour ne point que l'on confonde « I » et « l ».
Typo 3-D dont le relief discret sied à son utilisation ordinaire.
... Au dessin classique et durable.
... Lisible même en cas de document fragmentaire façon manuscrit de la Mer Morte.
Typo non seulement belle et bonne (au sens premier) mais aussi au toucher onctueux (le beurre fin y est pour beaucoup) et à l'odeur suave.
Une typo utile même pendant les repas où, pourtant, il est déconseillé ordinairement de lire.
P.-S. : Ce billet nous fait penser à un travail personnel que l'on peut trouver ici : Poésie alimentaire.
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