Les habitués du quartier eux-mêmes furent étonnés. Tout se passa en une nuit. La veille, les incessants va-et-vient, le bruit continu et assourdissant, les locaux pleins à craquer d'une population agitée ; le lendemain, rien, le vide, le silence. Un silence pesant... et la pancarte. Attroupements sporadiques devant elle, commentaires. En ce moment, Samsa et Spiridon.
– N'avaient-elle pas reçu une convocation ?
– Qui : elle ?
– La reine, parbleu !
– Ah ! Je ne sais pas.
– Il est toujours prudent de répondre à une convocation de l'administration.
– On le dit. Mais trop de sagesse et trop d'obéissance rendent la vie monotone.
– Non, ni sagesse ni obéissance. Respect de la chose édictée, des règle, des lois. Dans une société bien ordonnée, le respect des règles est de règle.
– Ne sont-elle pas faites pour être transgressées, ces règles, puisqu'elles prévoient dès leur naissance les punitions pour ceux qui les enfreignent ?
– Nous nous égarons. Nous nous éloignons de notre sujet. Nous nous étonnions tous deux de l'abandon brusque de ce bâtiment encore si vivant hier. Et je me demandais s'il s'agissait d'un départ volontaire ou d'une expulsion. Comme vous le savez, les expulsions sont précédées d'une injonction administrative...
– J'ignore tout de ce qui a pu se passer cette nuit. Faillite de leur société ? Dégoût de ce pays et envie nomade d'aller voir ailleurs ? Délogement par la force ? Délocalisation prévue de longue date ? Que sais-je ?... Je suis rentré de Sardaigne dans la matinée, je découvre tout comme vous. Toutefois, en rentrant, je suis passé par les Contrées. Les jardins statuaires sont en fleurs. Peut-être sont-elles toutes parties là-bas, reine et sujettes...
– Et qu'elles ont mis en vente ici, oui, peut-être...
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