Page loading
George Auriol
sur l'ultime création
de M. Pullmann
20 pages,
format 11,2 x 13 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
Authors
Chronological
Des barbares...
Entertainments
Fin-de-Siècle
Fourneau and Fornax
Printings
Typography
... for those who are too lazy to seek.
10360504 visitors
4 visitors online
feuilleton à durée indéterminée...
La casse parisienne
— —
La casse — tous les lecteurs de ce site savent cela, mais répétons-le pour les autres — est le tiroir plat plein de compartiments (les cassetins) dans lequel les typographes à l'ancienne rangent leurs caractères de plomb. De toutes les casses typographiques, la casse parisienne est aujourd'hui la plus répandue en France (si tant est qu'aujourd'hui la typographie au plomb et son matériel le soient encore). Dans sa disposition, elle connaît deux variantes majeures de rangement des petites lettres supérieures, et quelques cassetins à l'emploi plus ou moins indéterminé dans lesquels le typo range les choses à sa sauce...
Tout évolue d'année en année, et la disposition des plans de casses des années 1970 — années où se figèrent les usages typographiques « plomb » par la grâce des principaux acteurs de la discipline (fondeurs, imprimeurs typo) qui disparurent peu ou prou en même temps — fut précédée de quelques autres qui n'étaient pas en tous points identiques à elle.
Casse parisienne de Jouvin, 1887.
Comme on peut le constater, les lettres supérieures servant à réaliser les abréviations sont rangées dans l'ordre oerstiml. Les deux familles opposées et concurrentes, les eilmorst et les roselmit ne sont pas encore apparues. Le j est bien encore un bas de casse et les crochets carrés occupent un cassetin qui deviendra un fourre-tout ou un cassetin du diable plus tard.
Casse parisienne de Huard, 1892.
L'ami Huard nous gâte. Avec son aeilmnorstv il ajoute au nombre habituel des supérieures typographiques ordinaires anv. Le j est devenu un haut de casse, et il le restera. On s'étonne de la position non conventionnelle du ù, plus généralement voisin immédiat du è. Disparition du ffl.
Casse parisienne Deberny, 1904.
Première manifestation de la famille eilmorst dans cette casse Deberny (sans Peignot) de 1904. Disparition du ffi et du ffl. Apparition de l'astérisque.
Casse parisienne Degaast et Frot, 1934.
Un individu dissident que cet eroilmst de la casse Degaast et Frot. Il n'aura pas de descendance. Les crochets carrés font leur réapparition. Les ffi et ffl confirment leur disparition.
Casse parisienne de Paquet, 1976.
Un membre de la famille des roselmit (enfin !) que cette casse de Paquet. C'est écrit petit, c'est vrai, mais c'est bien une roselmit. Aucune apparition ou disparition notable. Trois emplacements pour les cassetins du diable. C'est l'ordre de cette casse que le signataire de ces lignes a choisi de respecter, à la différence majeure près qu'il est de la famille des eilmorst et aux différences mineures près qu'il use des deux cassetins à la droite du ù pour les ffi et ffl, et qu'il intervertit wk en kw pour des raisons mnémotechniques liées à son apprentissage de l'électricité.
Les noms donnés à ces casses sont les noms des auteurs de manuels ou des spécimens de caractères dans lesquels ces plans ont été initialement publiés.
Trouvé sous la douche :
Après Jean d'Ormesson, Johnny endort ses sons.
... Pas de quoi en être très fier, on vous l'accorde aisément.
Le titre ci-dessus a quelque chose de trompeur... et de fautif. Trompeur, parce que le sujet de ce billet n'est pas si petit que cela. Fautif, parce qu'il aurait fallu écrire : « Gros plan sur une petite Bijou ». Mais là, pour tout le moins, vous auriez tiqué, lecteur attentif, lectrice attentive... Pourtant... Il s'agit d'une presse (donc, le féminin) et son nom est Bijou typographique no 2, machine conçue par Émile Teillac, constructeur parisien, comme nous l'apprend l'étiquette métallique vissée sur la platine. On est en droit d'admirer aussi le restant des décors.
Cette presse fut découverte voici de nombreuses années sur une brocante. C'était un authentique tas de rouille. Enfin, toutes les parties qui laissaient le métal à nu étaient rouillées. Le manche en bois avait disparu. Le prix du tas de rouille était raisonnable : on l'a acheté. Et on a commencé tout de suite sa restauration pour la remettre dans l'état où l'on peut la voir. On a essayé de se renseigner au sujet d'Émile Teillac : rien sur Internet. Au sujet de sa presse : rien non plus. On a interrogé les brevets d'invention français et internationaux : rien encore. Cette petite Bijou semble être un bijou rare, comme tous les vrais bijoux...
Entrée dans l'atelier, et restaurée, elle faisait belle figure mais n'était pas employée très souvent. Son petit format d'impression en est un peu la cause : un marbre de 11 x 20 cm qui ne permet l'impression qu'au format contemporain A5, format qui n'existait pas encore lorsque la Bijou fut imaginée et construite.
On la voit ici dans son intégralité, sur cette photo en plongée. Au repos, le levier en haut, elle mesure 75 cm. Sa longueur est de 51 cm et sa largeur de 34 cm. Une partie de son originalité réside dans son marbre (?) arrière, destiné peut-être à recevoir de la composition en attente, à moins qu'il ne soit réservé au papier à imprimer (ou tout frais imprimé), ou bien qu'il ne serve de table d'encrage. La notice de la Bijou ne nous est pas parvenue comme on s'en doute et, on l'a déjà dit, il a été impossible de trouver un quelconque renseignement sur elle ni si son constructeur.
On la voit ici de derrière avec, au premier plan, le marbre, ou la marge, ou la réception, ou la table d'encrage. On notera au passage le beau support fabriqué récemment à l'occasion d'une sortie prochaine pour la fixer solidement sur le plateau d'une table.
La Bijou n'a que deux pieds, comme on le voit ici, derrière la platine qui peut descendre en actionnant le levier vers le bas. Pour adoucir la pression, un blanchet a été collé sur elle grâce à un adhésif double face. Le marbre est disposé sous elle, en position d'impression.
La platine est descendue grâce au levier et entre en contact avec la forme encrée (enfin... pas ici sur cette photo). On aperçoit sous le levier baissé, une vis qui permet de régler la pression maximale de la platine.
Le marbre coulisse dans une rainure de la presse pour se mettre en position d'encrage de la forme. Une fois cette opération réalisée, la feuille à imprimer est posée dessus. Le marbre est repoussé sous la platine pour l'impression. La forme ici n'est constituée que d'un simple bloc de montage en médium destiné à accueillir des linogravures.
Conséquence de la pose d'un blanchet sur la platine, la Bijou peut aussi être utilisée en typographie indirecte. Une forme encrée disposée sur le marbre, sans papier, est placée sous la platine. Coup de presse. L'encre est transférée sur le blanchet. Le marbre est retiré et remplacé par un plateau sur lequel est placé le support à imprimer. Coup de presse. L'encre du blanchet est reportée sur le support. Ce qui permet, si le support est transparent, d'avoir une impression lisible (et protégée) sous le support.
À quoi servait initialement cette presse ? Difficile de l'affirmer avec certitude. Impression d'étiquettes ? De petits faire-part ou de cartes de visite ? Tout renseignement qu'on nous donnera sera accueilli avec joie et exubérance.
Une petite balade à Bièvres, haut lieu de la photographie en France, mais le but du déplacement était tout autre. Le 1er mai, dans cette charmante bourgade du sud-ouest de Paris comme disent les guides assermentés, se tient traditionnellement une brocante des outils anciens. Pas l'ombre d'un outypographique (mot-valise trop tentant pour l'éviter) dans cette brocante. Deux bricoles en marge du sujet, sur lesquelles on reviendra peut-être. Alors, malgré l'infortune, on fait bon cœur, on lève le nez et on regarde... En avant pour quelques trouvailles de typo des rues.
Sur le mur d'un ancien café devenu restaurant mais qui a tout à fait l'allure d'une maison particulière, cette enseigne peinte et maçonnée. On y voit un italique qui tente de jouer la verticalité afin de se romaniser et un romain qui se laisse aller à ses penchants. Le monde à l'envers, quoi !
Même absente, la typo reste présente... Petite précision, ce castor-là n'a rien d'un hommage à la compagne de Jean-Paul Sartre. C'est l'établissement d'un lien entre le lieu et l'animal qui, au Moyen Âge, se nommait bièvre. Un animal dont Pierre de Beauvais disait : « La nature du castor est telle que lorsqu'un chasseur le poursuit, il regarde sans cesse derrière lui, quand il voit le chasseur s'approcher de lui, il se tranche les testicules de ses dents, et les jette au visage du chasseur. Le chasseur les recueille, arrête la poursuite et s'en retourne. […] De la même manière, l'homme qui veut observer les commandements de Dieu et vivre dans la pureté doit se trancher les testicules c'est-à-dire tous les vices, et jeter toutes les mauvaises actions au visage du chasseur, c'est-à-dire du Diable. » Nos hommes politiques actuels devraient bien s'inspirer de cette pratique pour atteindre l'intégrité.
Une fenêtre. Une simple fenêtre. Avec, aux quatre coins, un F, comme fenêtre.
Un curieux nom de rue qui, lui aussi, semble fleurer bon le Moyen Âge, malgré la modernité de la plaque et du panneau qui l'accole (ou presque).
Typographie modeste, ou bien typographie négligée ? Comment savoir... Toujours est-il qu'elle s'efface.
On termine en apothéose avec une merveilleuse typographie bois délavé, enseigne imposante et arborée d'un fabricant de pieux. Peut-on demander pieusement s'il y a beaucoup de vampires à Bièvres ?
... Pour parodier l'ami Paulo et son Cimetière marin. C'est vrai qu'elle nous a tous et toutes un moche jour. Tous. Toutes. Les jeunes, parfois, hélas ! les vieux, souvent ; les hommes, les femmes ; les intelligents, les crétins ; les maigres, les gros ; les bronzés, les blanchâtres ; les précautionneux, les inconscients ; les malades, les bien portants ; même les politiciens, et les religieux, et les généraux dégénérés (bien fait !), et les rois, et les reines, et les richissimes, c'est pour vous dire... Alors autant s'y faire le plus tôt possible. Autant en rire pour la conjurer, il sera toujours temps d'en pleurer...
Et quitte à en rire, pourquoi ne pas en faire un livre ? Ça ne coûte pas plus cher à la fin ; on ne meurt qu'une fois. On en passe quelques-uns en revue, histoire de bien rire gras et noir.
Le premier tiré par les pieds de la bibliothèque est de 1979. Et en même temps, il est de Christian Moncelet. Quelqu'un que le signataire de ces lignes affectionne depuis cette fin des années 1970 où les livres des deux zozos étaient colocataires dans les murs d'une librairie-restaurant du quartier Montparnasse à Paris, incongrue et maintenant disparue, nommée Patatengros. Fin de la digression. Le titre de l'ouvrage ? L'Âme hors... publié aux éditions BOF (un BOF qui veut dire Belles Originales Fofollichonnes), dirigée avec une poigne de fer par Christian Moncelet, avec comme grouillot Christian Moncelet et comme commercial Christian Moncelet.
Tout de suite, on remarque l'allure peu conventionnelle de l'ouvrage, un hexagone oblong dont on dirait, si l'on avait l'esprit mal tourné, qu'il prend la forme d'un cercueil. La couverture n'en est pas une, c'est une boîte. Ouvrons-là...
D'emblée, on est accueilli par l'autoportrait de l'auteur qui affirme : « J'étouffe là dedans ! ». Et sur un miroir, un texte à crâne, ce qui à tout prendre est mieux qu'une tête à claques. Et les pages libres du livre, vertes comme la moisissure, trapézoïdales en diable...
L'ouvrage se termine par une page noire à trou dont le trou est l'« O » du mot MOT (dernier), qui une fois la page tournée (et c'est bien la dernière fois qu'on tourne la page) donne les trois premières lettres du mot TOMBE. Quelques pelletées de terre, on rebouche avant de passer à l'ouvrage suivant.
On saute de 1979 à 1982 avec un Petit Dictionnaire à mourir de rire dont la forme nous fait furieusement penser à l'ouvrage précédent.
Les auteurs (ils sont deux) : Lionel Chrzanowski (8 consonnes pour 3 voyelles, un must à recopier sans faire de faute) et Philippe Héraclès. Des mêmes auteurs, déjà parus à l'époque, quatre ouvrages : un sur les cimetières, un sur la mort, un sur les enterrements, un sur les épitaphes. On ne tourne pas autour du pot, on est en plein dedans. Et à (dis)paraître [sic], des mêmes, un ouvrage sur les tombeaux et sépultures. Éditeur, le Cherche Midi. Pas vraiment un dictionnaire, ce livre, plutôt un recueil d'aphorismes, d'épitaphes et de bons mots.
Dans ce recueil, un court aphorisme dont le signataire de ces lignes est jaloux car il aurait bien aimé l'imaginer. Il est de Hodjviri, et date du XIe siècle : « La vie est un rêve dont la mort nous réveille. ». Donc, on ne s'endort pas, et on passe au troisième volume, beaucoup plus récent et beaucoup plus confidentiel. Sa forme nous a, d'un seul coup, quelque chose de familier, comme un soupçon de presque déjà vu.
Plus petit que les deux autres aussi, qui font 24 cm de haut, lui n'en fait que 17 et des poussières...
Il nous vient de 2009. Il a été conçu et réalisé par Laureline Harm au sein du LEG d'Estienne où elle était élève et çui qui signe, professeur ; sur un poème macabre de Jacques Roubaud intitulé en bon français : The Entrance.
Un peu de technique, on n'en a pas donné beaucoup jusqu'à présent. Dessin de couverture en lithographie, lettrines et dessins intérieurs en sérigraphie à l'encre argent, texte en typographie au plomb composé à la main, imprimé lui aussi à l'aide d'une encre argent. Le tout sur papier noir, comme il se doit.
Maintenant ça y est... on entend les bourdonnements et les persiflages... « Oui, bon, on y vient... il nous a présenté ces trois bouquins... il va nous annoncer qu'il en a fait un lui aussi, avec la même forme. » Non, il ne va pas l'annoncer, parce qu'il n'en a pas fait un comme ça. Mais il en a fait un sur le même thème, c'est vrai. Il n'a pas repris la forme parce que lorsqu'il a imaginé le sien, il possédait déjà les deux premiers dans sa bibliothèque et que ce n'est pas son truc de plagier les autres. Soit dit en passant, aucune des personnes qui ont conçu ces trois livres ne connaissaient l'existence des deux autres livres. Ce qui est excessivement facile pour le premier en date, et excessivement vrai pour les deux autres. Même si, par la suite, Christian Moncelet est devenu auteur au Cherche Midi.
Le livre de Fornax date de 2007, deux ans avant celui de Laureline. Son auteur s'appelle Yves Letort, sa talentueuse illustratrice, Marion Pradier. Et si son titre est Petit Semainier mortifère, c'est parce qu'il contient sept aphorismes de fort mauvais goût sur ou autour de la mort. Un pour chaque jour de la semaine, à se répéter en boucle jusqu'au jour de la rencontre avec la Camarde.
Il fait 8 cm de large sur 10 de haut et tente de résoudre le petit problème suivant : comment faire rentrer une gravure de 50 cm de long dans un livre de 8 cm de large ? La solution (et un exemple du mauvais goût de l'auteur) est montrée ci-dessous.
Tout déplié, il prend une allure de chevelure ébouriffée, ce qui réjouit fort son créateur, et tant pis si ça ne réjouit que lui...
Encore un peu de technique pour terminer : coloration du papier de la jaquette de couverture à l'éponge, à l'aide d'une sauce d'encre noire, puis d'encre argent. Triple impression superposée du rouge, même chose pour le vert. Double impression pour le blanc. Illustrations de Marion Pradier : linogravures en taille blanche. Impression du texte en typographie au plomb, double impression à l'encre argent.
On est prié de ne pas mourir d'ennui avant la fin de la lecture de ce billet...
Undergrowth typography
Typographical practice
Typo des rues
The picture of the day...
Tales ans short stories
Streets typography
Rural typo
Proverbs
Printing
Post-competition
Places of conviviality
My masters
Internal news
Friends
Fourneau-Fornax
External news
Editorial practice
Competition
Bookish teratology
Book-collecting
Bibliophilie
Art
Alphabet
![]() |
February 2025 | ![]() |
||||
S | M | T | W | T | F | S |
01 | ||||||
02 | 03 | 04 | 05 | 06 | 07 | 08 |
09 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 |
16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 |
23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 |
Fornax éditeur 18, route de Coizard, F51230 Bannes – France