Comme le dit toujours Sartre qui incinère1 ses mains sales partout, même dans la typographie qui n'est pas un humanisme : « Où il y a de la lettre, il y a du néon ». Oui, on est d'accord, elle ne mène pas loin cette pensée-là. Pas de quoi fonder une philosophie là-dessus. Mais faut le pardonner, c'était il y a longtemps, quand il dansait le souingue avec Momone dans les caves germe à l'eau praline2. Alors forcément, à se secouer dans tous les sens, ses idées, elles se décrochaient de sa cervelle et elles tombaient par terre. Peu de temps après, il a arrêté de danser. Et ses idées, elles se sont raccrochées... enfin, pas toutes. Il a continué cahin-caha à faire de la philosophie et de la politique. Plutôt en professionnel pour la philosophie, plutôt en amateur pour la politique. Mais la philosophie, même en professionnel, ça nourrit pas son homme (sauf à la radio, mais là, c'est une autre histoire). Quant à la politique en amateur... vous voyez ce que je veux dire. Pas un rond qu'il avait, finalement. Alors il a eu l'idée d'ouvrir un magasin de brocante où il vendrait des mots. « Les mots, ça c'est un bon truc ! » qu'il répétait à qui voulait l'entendre. Il y croyait. Il était bien le seul. Quand j'ai cessé de le fréquenter, il avait décidé de faire des soldes. Après, on ne s'est plus revus.
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1. Si vous préférez « insinue », remplacez-donc, mais moi j'aime bien incinère.
2. Les pralines se fabriquent comme les dragées, mais avec des turbines cylindriques dont la rotation est fréquemment interrompue en cours de travail : c'est l'irrégularité de mouvement qui produit les irrégularités d'épaisseur dans la couche sucrée.
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