enfin reconstitué
Voici quelques temps déjà, alors que je travaillais à la « pause : les manuels typographiques de ce merveilleux ouvrage qu'est l'Histoire de l'écriture typographique, le 19e siècle français, je n'avais pu que constater avec tristesse un grand manque dans ma bibliothèque technique : je n'avais pas le second volume de ce chef d'œuvre indépassable qu'est le Guide du compositeur de Théotiste Lefèvre. J'avais pu le consulter dans la très accueillante bibliothèque de l’Esaig, mais bon, je ne l'avais pas sous la main quand j'en avais besoin... et cela me frustrait quelque part au niveau de la connaissance (comme on dit dans les milieux bien informés).
J'ai enfin trouvé une bonne occasion de parler de cet ouvrage (et dans la présente parenthèse, du plaisir que j'ai eu à travailler avec Jacques André). Passons, glissons, avançons...
Le manque ressenti à chaque fois que je me rendais à l'étagère « manuels typo » de ma bibliothèque a enfin disparu. Oh, bien sûr, ne s’y trouvent pas encore quelques perles rares dans ce domaine (je n'ai pas l'Audouin de Géronval, ni le Claye, par exemple)1, l'inflation des prix de ces ouvrages en est essentiellement la cause. Mais j'ai enfin mon tome II du Lefèvre ! Le facteur me l'a remis en main propre ce matin. Certes, le duo qu'il forme avec mon tome I n'est pas entièrement assorti mais tant pis. Rien, aujourd'hui, ne saura écorner mon bonheur (si tant est qu'un bonheur puisse s'écorner). Et surtout, c'est un exemplaire d'exception que ce tome II. Qu'on en juge...
La dorure du titre me ravit. Le mot-valise composé involontairement (on peut le supposer mais pas le regretter) par le doreur de cette bien piètre mais solide reliure, laisse l'imagination enfourcher sa fougueuse cavale pour partir au grand galop dans des directions inexplorées... Composer un texte, est-ce le tuer ? C'est, à tout le moins, fixer définitivement une pensée qui continue à se développer dans l'esprit de son auteur. C'est donc une manière de pierre tombale. Le compositeur, qui non seulement compose mais corrige (qui rend correct), n'est-il pas là pour tuer dans l'œuf toute velléité de dissidence, de nouveauté, d'invention contre nature dans la langue en tant que garant de la pureté de celle-ci ? Je vous offre ces deux premières questions auxquelles je me garderais bien de donner des réponses (définitives ou non). À vous, lecteur potentiel, de vous en donner, et de vous poser toutes les autres questions.
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1. Je les ai trouvés depuis à un prix raisonnable...
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