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Fin-de-Siècle
Fourneau and Fornax
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Le nom de l'appareil vient du patronyme de son inventeur, Raphaël Nardi, et de γράφω (grapho) = écrire. Il est à l’origine d’une technique d’impression qu’on peut qualifier « d’amateur » car elle ne fut jamais utilisée par des professionnel de l’imprimerie.
Le Nardigraphe connut son heure de gloire dans la première moitié du XXe siècle. Il survécut jusque dans les années 1970 qui virent l’achat aux établissements Nardi, 7, rue Marnata à Toulon, par le signataire de ces lignes, de son premier Nardigraphe. Le Nardigraphe fut utilisé pour imprimer toute sorte de documents de petit format : circulaires, tracts, brochures, images aussi. Il peut être considéré comme l’un des ancêtres de la photocopie, à cette réserve près qu’il permet des impressions plus durables car réalisées à l’aide de traditionnelles encres d’imprimerie.
Le premier des six Nardigraphes de CLS,
le seul commandé directement aux établissements Nardi, à Toulon,
comme le prouve le bon de livraison plus bas.
On peut appeler nardigraphie le procédé utilisé par le Nardigraphe, comme l’on appelle lithographie le procédé permettant l’impression à l’aide de pierres calcaires. La nardigraphie est un procédé d’impression planographique à l’instar de la lithographie, de l’offset, de la phototypie. C’est essentiellement un procédé d’impression autographique, c’est-à-dire un procédé qui permet de reproduire et de multiplier des écritures manuscrites. Mais elle peut aussi de reproduire des frappes de machine à écrire et des dessins. C’est un procédé qui permet également, en plusieurs passages, d’imprimer des documents en couleurs (en ton direct). Enfin, c’est un procédé qui, tout comme la phototypie, utilise comme support d’impression, une dalle de verre grainé.
Le principe de la nardigraphie est chimique. Elle utilise essentiellement deux produits mystérieux : le netto-sensibilisateur et le préservateur ; ainsi qu’une encre d’écriture pour réaliser les documents à reproduire, l’encre auto.
Il existe deux manières d’obtenir le document original. La première consiste à l’écrire, ou à le calligrapier, sur un papier lisse et non-absorbant (pas de papier couché toutefois) à l’aide de l’encre auto ; la seconde consiste à frapper un stencil (ou baudruche), à l’aide d’une machine à écrire sans ruban, ce qui crée une sorte de pochoir qui sera utilisé lors de la préparation de la dalle de verre. Cette préparation se fait en trois temps.
Le premier temps consiste à enduire la dalle de verre de netto-sensibilisateur à l’aide d’un coton hydrophile puis à mettre en contact, en utilisant une pression assez forte, l’original calligraphié, ou le stencil derrière lequel on place un carton absorbant entièrement badigeonné d’encre auto sèche. Le temps de contact entre la dalle netto-sensibilisée et l’original varie en fonction de la fraîcheur de ce dernier. Le netto-sensibilisateur contient de l’alun de potassium et l’encre auto est très fortement basique. La réaction chimique entre le netto-sensibilisateur et l’encre auto conduit à la formation d’un dépôt d’alumine gélatineuse à peine visible. Cette alumine a la particularité d’adhérer fortement au verre grainé.
Le deuxième temps consiste, après avoir ôté l’original, à passer, à l’aide d’un autre tampon de coton hydrophile, du préservateur sur toute la surface de la dalle. Le préservateur contient du benzoate de sodium qui se fixe sur l’alumine et lui permet d’accepter l’encre d’imprimerie.
Le troisième temps, enfin, consiste à encrer la dalle à l’aide d’un rouleau porteur d’encre d’imprimerie. Si le temps de report sur la dalle a été correct, ainsi que l’enduisage au préservateur, l’encre ne se dépose qu’aux endroits où se trouve l’alumine benzoatée.
On peut ainsi poser une feuille de papier sur la dalle encrée et, sans la faire bouger, la presser à l’aide d’un rouleau à deux manches pour que s’effectue le transfert d’encre sur elle. Il suffit alors de répéter les opérations encrage, pose d’une feuille vierge et pressage pour procéder au tirage. Si, au cours du tirage, de l’encre venait à se déposer ailleurs qu’aux endroits prévus, un nouveau badigeonnage au préservateur rétablit la propreté de la dalle. Si ce n’est pas suffisant, il faut alors utiliser (toujours avec un tampon d’ouate) le correcteur.
Vidéo où CLS explique (en bafouillant un peu)
le fonctionnement du Nardigraphe
devant un parterres de pataphysiciens ébahis.
Le Nardigraphe se présentait sous trois formes : le Super (comme celui montré plus haut), l’Export (simple et très robuste, en aluminium) et le Presqu’automatique ou Semi-automatique. Il existait aussi en quatre formats de dalle : 24 x 33 cm, 35 x 45 cm, 46 x 57 cm et 93 x 123 cm en Nardigraphe super et seulement dans les deux premiers formats en Presqu’automatique.
Modèles de Nardigraphe Export et Super
Modèle de Nardigraphe Presqu’automatique
Trois Nardigraphes de Fornax, de haut en bas : un Super, un Export,
un Super ayant servi dans la Résistance pendant la dernière guerre
Un autre Nardigraphe export de Fornax
Le Nardigraphe Presqu’automatique de Fornax
Produits et petit matériel
Produits et petit matériel
Netto-sensibilisateur, Préservateur, Correcteur
Produits et petit matériel
Encre auto, encre d'impression en tube, rouleau encreur
Produits et petit matériel
Le rouleau presseur à deux manches
Avec l’Album imprimé avec le Nardigraphe, la société Nardi présentait toutes les possibilités de la nardigraphie. En voici quelques pages :
Couverture de l’Album
Exemple 1
Exemple 2
Exemple 3
Exemple 4
Le Fourneau-Fornax ne pouvais pas être de reste et se devait de montrer ce qu’il savait faire en utilisant cette technique. En 1985, au sein de l’ouvrage Hypnérotographia poliphili ou le Songe d’un Typophile, se trouve une nardigraphie. L’ensemble de l’ouvrage a été imprimé sur du pur fil Johannot de 240 g. La difficulté à résoudre pour imprimer cette nardigraphie sur un tel papier était que sa surface n’était pas parfaitement lisse et que la pression exercée pendant le tirage n’était pas suffisante pour produire une impression correcte. La solution retenue fut de calandrer le papier en le passant entre les rouleaux d’une presse taille-douce avant impression, afin de rendre sa surface lisse, puis d’imprimer. L’ennui, c’est que le papier n’avait plus le même aspect ni la même épaisseur que le reste du livre. Il a fallu alors tremper le papier pour lui redonner son épaisseur et sa texture originelle, puis le faire sécher sous poids afin qu’il ne se gondole pas pendant le séchage.
Nardigraphie du Songe du Typophile
CLS
juillet 2023
George Auriol
sur l'ultime création
de M. Pullmann
20 pages,
format 11,2 x 13 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
... for those who are too lazy to seek.
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