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(Fernand Combet au Fourneau)
Quand on aime le livre sous toutes ses coutures, et qu’on pratique la lecture non comme une obligation mais comme une des déraisonnables raisons de vivre, il n’est pas rare de se retrouver à farfouiller sans but précis devant les rayonnages des librairies d’ancien, d’occasion ou de solde. On s’empare de volumes d’auteurs connus ou inconnus, on ouvre au hasard, on lit trois lignes et un déclic se fait. S’il ne se fait pas, on referme, on pose et on continue à chercher, jusqu’au déclic. Les bonnes journées sont les journées à déclic ; les autres, on les oublie.
C’est ainsi – au milieu des années 1970, en tirant de son rayonnage une couverture dont le dos passait du vert au brun orangé – que je fis la rencontre de SchrummSchrumm. Déclic. Mais pas seulement : choc, suivi d’hébétude lecture faite, d’une seule traite, sans pouvoir arrêter. S’ensuivent recherche et lecture des deux autres romans de l’auteur, cela va sans dire.
L’histoire aurait dû finir ici mais le destin truqua les cartes et il y eut une suite au jeu de la découverte fortuite. Quelques années plus tard, bien que devenu petit éditeur et typographe à l’enseigne du Fourneau... j’étais encore et toujours lecteur. Je constatai que Jean-Jacques Pauvert avait « dégraissé » quelque peu ses stocks car l’on trouvait SchrummSchrumm en pile chez les soldeurs à un prix tel que je n’hésitai pas à en acheter un bon nombre pour diffuser la bonne parole. Discussion avec le libraire au sujet du livre et au sujet de Fernand Combet, son auteur. Combet fréquentait la librairie ; le libraire avait son adresse, il accepta de me la donner, j’écrivis. Je n’attendais aucune réponse. Elle vint six mois plus tard. Combet m’avait répondu immédiatement... après son retour d’un voyage en Inde. Nous nous vîmes chez lui, dans son appartement mansardé du côté de la Mouffe. Je lui racontai mon SchrummSchrumm, il me raconta son Pauvert. Je lui offris quelques-uns de mes livres d’éditeur-imprimeur. Il me confia trois textes courts, deux contes et une nouvelle. Il me lut la nouvelle devant un Lapsang Souchong qui refroidit car je ne songeais plus à le boire.
Avec une logique absolue, il avait cessé de publier en 1971 après son troisième livre : Mort et passion de Félix C., scribator. Avec ma passion à moi, quasi enfantine, pour son œuvre, je ressuscitais, en 1984, l’auteur qu’il avait enterré au plus profond de lui afin de l’oublier. Il me donna l’autorisation de publier ces textes. La nouvelle me fascinait ; j’avais le son de sa voix dans la tête. J’imaginais une présentation très complexe. Tellement complexe que j’en retardais l’exécution au fil de nos rencontres – et des Lapsang Souchong chauds – et qu’elle ne vit jamais le jour. Pour les deux contes à la manière Zen, le Conte de l’ambre et le Conte de l’opium, Combet avait lui aussi des idées de maquette. Il me les expliqua en long, en large, en travers. J’opinai puis je m’éclipsai dans mon atelier à la campagne. L’éclipse dura plusieurs mois et je revins le voir, l’ouvrage terminé. Nous étions en mai 1985. Je n’en avais fait qu’à ma tête. Deux plaquettes, l’une sur vergé brun-ambre, l’autre sur vergé blanc-opium sous une jaquette noire les regroupant. Un seul caractère, le Poliphile, un seul corps, le 16 pour tout l’ensemble. J’étais passé d’un extrême à l’autre ; extrême complexité irréalisable, extrême rigueur réalisée. Pour « enrichir » cette simplicité, j’avais demandé à ma compagne d’alors de concevoir – mais c’était en option – des fermoirs en perles tissées. D’un côté une fleur de pavot, de l’autre une grosse perle couleur ambre qui se glissait au cœur de la fleur comme un bouton dans une boutonnière. Combet regarda avec attention les deux contes. Puis il me dit en souriant : « C’est beau. Tu as eu raison de ne pas m’écouter ! » À ces mots, cessa la tachycardie qui m’avait pris à la remise des plaquettes.
Il se remit à écrire après la publication des deux contes. Un roman. Il n’avait pas le souffle étrange de SchrummSchrumm, ni la délicatesse des deux contes, ni la voix de la nouvelle. Je n’ai jamais eu le cœur de dire à Combet ce que j’en pensais. Il ne fut pas publié.
En 1988, après le départ de ma compagne, il fut l’un des quatre écrivains à accepter de me donner un texte sur l’amour et la séparation. Ce fut Chanson, un poème. Le seul que je lui sais avoir écrit. L’année suivante nos chemins se séparèrent. Nous ne nous sommes jamais revus. Il est trop tard maintenant pour le regretter. Mais je le fais quand même.
CLS.
[paru dans La Main de singe n° 4]
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