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De χρώμα (chroma) = couleur, τύπος (tupos) = type et de γράφω (grapho) = écrire. L’art (ou la manière) d’imprimer en couleur en utilisant des éléments imprimants en relief (comme en typographie).
Voici déjà quelques temps, on vous avait fait ici un petit topo sur la chromolithographie, illustré par des images enfantines à collectionner symbolisant les douze mois de l’année. Le hasard a fait, voici quelques jours, que nous retrouvions quelques documents qui permettent de faire la même chose avec la chromotypographie. Ces documents nous viennent de 1899 et 1900, il s’agit d’exemplaires de la revue Le Petit Français illustré, journal des écoliers et des écolières, publié par les très sérieuses éditions scolaires Armand Colin et Cie. Dans cette revue, seules la première et la dernière page étaient en couleur, le reste était en noir. Peu de pages en couleur donc, mais d’une utilisation très bien pensée. Un beau dessin en première page qui offre la représentation d'une des scènes principales de l’un texte se trouvant dans le corps de la revue et sur la dernière page une planche entière, le plus souvent dessinée. Le numéro 10 (12e année, la numérotation recommençait à 1 au début de chaque année) du 3 février 1900 donne aux lecteurs-enfants une planche explicative de la fabrication des pages en couleur de la revue. Vocabulaire simple, peu de technique pour ne pas compliquer les choses. On trouvera cette planche reproduite plus bas, ainsi que quatre autres, pour le plaisir des yeux.
Pour réaliser une chromotypographie, il fallait partir d’un dessin en noir et, soit à la main soit en utilisant les ressources de la photographie, établir une planche contenant la composante jaune de l’illustration, une deuxième contenant la composante rouge et une troisième la composante bleue, selon la méthode de la trichromie découverte exactement en même temps mais séparément et en ignorant les travaux de l’autre par Louis Ducos du Hauron et Charles Cros. La superposition des trois planches plus le noir permettait d'obtenir l’image en couleur. La trichromie plus le noir : on parle alors de quadrichromie. Les planches étaient réalisées à l’aide de plaques de métal attaquées chimiquement par un mordant, le plus souvent un acide, pour que viennent en relief les zones de la plaque correspondant à la composante voulue. Les valeurs dans chaque composante étaient obtenues à l’aide d'une trame mécanique ou à l’aide de grains de résine agglomérés à la plaque par chauffage avant le passage dans le bain de mordant. C'est cette dernière technique qui a été utilisée ici.
On notera que Le Petit Français illustré a usé du terme chromotypogravure ; il est équivalent à celui de chromotypographie et s’explique par la technique de fabrication – par gravure – des planches d'impression.
On aura reconnu, bien entendu, un des dessins tiré de L’Idée fixe du savant Cosinus du génialissime Christophe (de son vrai nom Georges Colomb, professeur de sciences naturelles et auteur chez Armand Colin, de manuels sur le sujet), à qui l’on doit également La Famille Fenouillard, le Sapeur Camember et Les Malices de Plick et Plock. Christophe Colomb, donc, qui est l’un des pères de la bande dessinée française.
Le dessin est extrait du VIe chant, Le 3e voyage du savant Cosinus : C’est ma foi vrai ! dit Cosinus... Scholastique, j’en ferai l’objet d’un prochain mémoire intitulé : « De l’influence du chien (canis domesticus) sur le rhume de cerveau (coryza) ». Et je suis décidé à ne pas me séparer, dans mes voyages, d’un animal aussi remarquable. »
Agrandissement de Scholastique et de son étonnement qui permet de bien distinguer la trame « grains de résine », ainsi que le talent de Christophe.
Et puisque nous sommes dans une page qui, grâce à la quadrichromie, est placée sous le signe du 4, nous allons continuer avec le même nombre d’exemples de la technique : les quatre éléments.
L’eau. Dernière page du Petit Français illustré, 12e année, no 2, 9 décembre 1899.
Le feu. Dernière page du Petit Français illustré, 12e année, no 7, 13 janvier 1900.
L’air. Dernière page du Petit Français illustré, 12e année, no 17, 24 mars 1900.
La terre. Dernière page du Petit Français illustré, 12e année, no 20, 14 avril 1900.
Sur cette même dernière page couleur, d’autres numéros pouvaient porter des choses aussi tant épatantes que celles-ci comme... Les Malices de Plick et Plock déjà évoquées, Le Baron de Cramoisy du même Christophe, une histoire qu'il ne termina jamais, hélas. Et aussi, entre autres : La Mythologie amusante de Monnier, des histoires sans paroles, des pages didactiques comme Le Blason, un abrégé très coloré de la science héraldique... de quoi faire rêver tous les enfants, même quand ils sont devenus vieux.
CLS
décembre 2012
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