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Les casses Freinet
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Célestin Freinet était un instituteur rebelle et fermement engagé au service de l’enfant. Il mit au point une nouvelle pédagogie fondée sur la liberté d’expression de l’élève et, afin que les résultats des travaux d’observation et de réflexion ne restent pas au sein de la classe, il fit entrer l’imprimerie à l’école pour les partager et les échanger avec d’autres classes et d’autres écoles. À notre époque envahie par les ordinateurs, les imprimantes, les téléphones mobiles, l’Internet et les réseaux sociaux, cela peut paraître banal, mais dans les années 1920 où il débuta son expérimentation pédagogique, c’était une révolution. Parmi les techniques d’impression utilisées au sein de la classe se trouvait ce qu’il convient d’appeler de nos jours la typographie au plomb mais que Freinet appelait tout simplement l’imprimerie. Il conçut, aidé de quelques autres, un matériel simplifié : petite presse et composteurs. Pour ce qui est de la composition des textes, il utilisa en premier lieu (vers 1929) une casse parisienne dont il changea radicalement la disposition traditionnelle.
Casse parisienne dans la disposition de Freinet.
On constate, dans cette disposition nouvelle, que le J et le U ont enfin retrouvé leur place dans l’ordre alphabérique et que le j est redevenu un bas de casse. Toujours dans le bas de casse, les voyelles non accentuées, à l’exception du o, sont regroupées au centre à gauche. Plus curieux les voyelles accentuées se retrouvent soit sur le côté gauche (é è ê à â) soit dans la partie supérieure (du bdc) droite (î ï) mais manquent cruellement les ë, ô, ù, ü, ainsi que le œ (le æ, très rarement utilisé peut bien disparaître). Les chiffres passent en haut de casse (pourquoi pas !) et les signes de ponctuation sont regroupés dans la droite du bas de casse. Plus contestable, peut-être, encore que… les espaces (petits blancs) et les cadrats & cadratins (gros blancs) se retrouvent au centre. Bien sûr, le grand nombre de cassetins laissés vides sur le plan permet l’accueil de certains des caractères ou signes manquants.
Utilisation d'une casse parisienne de corps 20 par trois enfants (in l'Éducateur Prolétarien, n° 13&14, mars-avril 1938).
À l’usage, on dut se rendre compte de la difficulté de faire composer les enfants avec une telle casse. Vers 1938 fut instauré l’usage d’une nouvelle casse, vendue par la coopérative de l’enseignement laïc (CEL). Beaucoup plus riche en cassetins que la casse parisienne (224 contre 115), elle pouvait se permettre de contenir toutes les lettres et tous les signes qui manquaient dans la première disposition, et même plus, puisqu’y ont trouvé place les lettres accentuées non utilisées en français mais qui permettent de composer en allemand (ä ö). De plus petite taille que ceux de la casse parisienne, les cassetins de la casse CEL ne pouvaient contenir les caractères que debout, ce qui compliquait le rangement mais qui facilitait pour les enfants la reconnaissance du caractère, et donc la composition.
Casse de la coopérative de l'enseignement libre (CEL).
Dans cette nouvelle casse (la casse CEL), tous les cassetins ont des dimensions identiques. La disposition des lettres y est toutefois un peu étonnante. Notamment celle des capitales en colonnes sur deux lignes avec le O rejeté après le Z. Les minuscules accentuées auraient pu être regroupées (pourquoi, par exemple, séparer le é des ë, ê, è ?). En plus des lettres qui manquaient dans la casse parisienne, on voit apparaître les deux principales ligatures fi et fl, inutiles quand on a affaire à un caractère dont le haut du f ne dépasse pas de la tige (caractère bâton, souvent utilisé dans l’imprimerie Freinet) mais qui deviennent indispensables dès que le caractère utilisé n’est pas de ce type. Les cassetins vides sous les minuscules de la ligne du bas sont probablement là pour augmenter le nombre de certaines lettres quand elles sont souvent employées dans le texte.
Utilisation de la casse CEL (in l'Éducateur Prolétarien, n° 13&14, mars-avril 1938).
Trois modèles de casse vendus par la CEL : la casse parisienne, la casse CEL avec son couvercle, la petite casse individuelle (in Catalogue CEL, juillet 1949).
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