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Le pochoir sur papier,
technique de coloriage ou technique d’impression ?

Il est difficile de répondre à la question que pose le titre. Les avis des spécialistes sont partagés. Le signataire de ces lignes pencherait pour la technique d’impression car le pochoir peut être utilisé de façon autonome, mais il admet comme pertinents les arguments qui vont dans le sens inverse.

On ne va parler ici que du pochoir sur papier qui offre une gamme très vaste de rendus esthétiques. On ne parlera pas du pochoir mural, le plus souvent sommaire*, moins travaillé, voire un peu « brut de décoffrage », utilisé dans les villes (non seulement sur les murs mais aussi au sol) à des fins diverses : pure décoration, information temporaire ou slogans revendicatifs. Notons toutefois, avant de clore le paragraphe sur ce sujet, qu’il a quelques quartiers de noblesse à son actif, et les origines les plus anciennes qui soient, puisqu’on peut considérer que les mains négatives qui décorent les murs de certaines cavernes préhistoriques sont les ancêtres du pochoir.

Le pochoir sur papier est utilisé depuis le Moyen Âge, pour la fabrication, entre autres choses, des planches de cartes à jouer. Il est utilisé dans des domaines très différents : le papier peint (on en revient au mur, par la bande), l’estampe, l’illustration de livre, ainsi que — même si ce n’est pas la technique la plus utilisée — pour la réalisation des papiers décorés qui servent, en reliure, à la fabrication des gardes de couleur.

La technique est simple, elle est connue de tous (ou presque), mais elle est très minutieuse et demande beaucoup de soin. On analyse l’image colorée à multiplier, ce qui permet de déterminer le nombre de passages de couleurs qu’on devra réaliser. Cette étape est la même qu’en bois gravé polychrome ou en linogravure, et en chromolithographie. Elle permet donc de prévoir puis de réaliser le nombre de patrons (un par couleur ou par valeur de teinte) que nécessite l’impression de l’image.

Le plus souvent, mais ce n’est pas toujours le cas, le travail s’appuie sur une image — un dessin — réalisé en noir, ne montrant que les cernés, les contours des surfaces à colorer. Ce dessin, imprimé en premier, peut être réalisé dans de nombreuses techniques : le bois gravé ou la linogravure, un cliché relief zinc, magnésium ou photopolymère, la lithographie, l’offset, la phototypie et même la taille-douce. C’est sur lui que va s’appliquer le passage des couleurs, patron après patron.

Un patron est réalisé dans une feuille de carton mince et rigide, ou dans une feuille de matière synthétique (rhodoïd ou similaire), ou dans une feuille de métal (fer, zinc, laiton cuivre). Les découpes se font à l’aide d’outils à main, pointes tranchantes, cutters pour le carton et les matières synthétiques ; outils à main de type burins ou scies à chantourner, scies de marqueterie ou découpe chimique (morsure à l’acide ou au perchlorure de fer) pour le métal.

Pochoir-Rhodoid.jpg
Patron sommaire en rhodoïd et un exemple d'impression.

Pochoir-Metal.jpg
Un patron en laiton et quatre en cuivre.

L’impression se fait en passant la couleur à l’eau (gouache, aquarelle) sur le papier, à travers le patron, en utilisant de gros pinceaux à section circulaire (genre blaireaux) appelés pochons ou pompons. Un par couleur sans jamais, d’une utilisation à l’autre, le changer de gamme colorée. La difficulté du procédé consiste en le positionnement manuel parfait du patron sur le papier à imprimer, et l’application de la couleur sans qu’elle ne passe sous le patron, ce qui causerait un résultat baveux.

L’image d’Épinal

L’« image d’Épinal », popularisée par l’imprimerie Pellerin à Épinal (devenue musée de l’Image), est l’une des plus connues des productions d’images coloriées au pochoir. Diffusée en grand nombre et à petits prix, l’image d’Épinal n’est pas toujours d’un rendu esthétique irréprochable. Mais elle a le même charme attendrissant que le goût retrouvé à l’âge adulte des bonbons que l’on mangeait enfants. Elle se présente soit sous la forme d’estampe à encadrer (sujets religieux, sujets populaires) soit sous forme de planches qui racontent de petites histoires en une page. On a fabriqué ici, voici quelques années, un petit livret factice avec l’une de ces planches contant la vie (un peu réinventée) de Gutenberg.


Cliquer pour feuilleter le livret.

Pochoir-Eloi.jpg
Pochoir religieux de Pellerin.

Pochoir-ChaperonRouge.jpg
Planche du Petit Chaperon rouge.

Pochoir-Tardi.jpg

Avant leur fermeture, pour tenter de lutter contre le désintérêt autour de l'imagerie d'Épinal, les établissements Pellerin, firent appel à des célébrités de l'art ou de la BD. Ici une planche de grand format (raisin, 50 x 65 cm) signée de Jacques Tardi.

Estampes

Deux estampes de Mucha pour compléter et illustrer le propos. On constate, en les regardant avec attention, qu’en utilisant des couleurs transparentes on peut créer une troisième couleur par la superposition de deux couleurs réellement pochées, ce qui permet d’enrichir la palette colorée de l’image.

Pochoir-Mucha1.jpg
Pochoir de Mucha, tonalités chaudes.

Pochoir-Mucha2.jpg
Pochoir de Mucha, tonalités froides et glauques.

Illustrations de livres

L’illustration coloriée au pochoir peut se retrouver à l’intérieur d’un livre comme dans ce volume 6 de l’Histoire de France tintamarresque de Touchatout (Léon-Charles Bienvenu [1835-1910]) publié en 1903.

Pochoir-Touchatout.jpg
Pochoir de Moloch.

Soit dit en passant, même si ce n’est pas le propos ici, Touchatout et Moloch le dessinateur nous montrent dans cette image une vision prémonitoire de la télévision, sous un nom toutefois bien plus difficile à prononcer.

Plus proche de nous, dans un Pantagruel, ouvrage de bibliophilie illustré au pochoir, un exemple parfait de ce que ce procédé peut offrir de plus précis et de plus technique. On peut s’amuser, si on le désire (ou s’embêter, c'est tout comme), à compter le nombre de patrons qu’il a fallu réaliser pour imprimer une telle image. On ne juge pas ici l’esthétique de l’estampe obtenue, seulement la qualité exceptionnelle de sa réalisation.

Pochoir-Pantagruel.jpg
Pochoir pour une édition bibliophilique de Pantagruel.

Couvertures de livres

Dans les années 1880, plusieurs éditeurs dont les éditions Monnier et leur successeur Léon Genonceau, confièrent à deux imprimeurs différents la réalisation de leurs livres. Un imprimeur en typographie pour le texte, et un imprimeur spécialisé dans le pochoir pour la couverture. Les couvertures hautes en couleur attiraient ainsi mieux l’œil du chaland et étaient censées favoriser les ventes. Quelques exemples de ces couvertures suivent, tirées du sommeil de notre bibliothèque.

Pochoir-Monnier1.jpg
Couverture imprimée en marron sur papier brun, relevée au pochoir (6 ou 7 couleurs).

Pochoir-Monnier2.jpg
Couverture imprimée en noir et marron sur papier brun, relevée au pochoir (4 couleurs).

Pochoir-Monnier3.jpg
Couverture imprimée en noir et or sur papier crème, relevée au pochoir (3 couleurs).

Pochoir-Monnier4.jpg
Couverture imprimée en noir et or sur papier blanc cassé, relevée au pochoir (6 couleurs).

Pochoir-Mordu.jpg
Couverture imprimée en noir sur papier blanc cassé, relevée au pochoir (3 couleurs).

Pour terminer, puisque le sujet du papier peint n’a pas encore été abordé ici, la couverture d’un petit ouvrage promotionnel publié en décembre 1925 à l’enseigne du Sansonnet et sorti des presses de A. Micouin à Paris, à l’intention des Amis des « Papiers peints de France ». Sa couverture, imprimée en marron est rehaussée au pochoir en vert, bleu pâle, bleu intense et rose.

Pochoir-Sigismond.jpg
Ouvrage expliquant la fabrication du papier peint.

____________

*
Mosko et Lézarts de la Bièvre en sont de parfaits exemples contraires, tant leurs pochoirs sont travaillés et leurs résultats sur les murs d’une beauté bouleversante.


Date de création : 18/10/2025 @ 15:09
Catégorie : - Impressions
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