Bibliotératologie, 12
Ramdam grave chez les metteurs en page !

Il y a quelques jours, ayant un petit moment à perdre, je me suis emparé un peu au hasard d’un bouquin qui traînait au rayon polar de ma bibliothèque. Je n’avais pas le souvenir de l’avoir lu, non plus le moindre souvenir de son arrivée dans mes rayonnages. Un polar bas de gamme des années 1970 d’après la couverture assez typée, assez vulgaire, assez datée. Dos carré collé ordinaire pour publications ordinaires devant être vendues dans les gares ou dans les épiceries de quartier. Cela dit, je n’ai rien contre les gares qui accueillent des trains, ni contre les épiceries qui vendent des épices.

Pas un grand bouquin, donc. Pas non plus un auteur de premier plan, ni une collection de haute volée comme la Noire de chez Gallimuche ou Le Masque et sa sempiternelle couverture jaune. Un éditeur inconnu, du moins inconnu de ma modeste personne : Star édition.

Le livre ouvert sur la page de titre attira mon attention. Plus envie de lire mais envie de regarder d’un peu plus près la fabrication. Page de titre assez catastrophique, vulgaire et décalée sur la droite avec son emploi plutôt mal maîtrisé du gras, du maigre et de l’étroit. Un joli méli-mélo avec un caractère genre Vendôme d’Olive… certains aiment peut-être, moi pas ! Couverture vulgaire, page de titre vulgaire, ça ne s’annonce pas trop bien. Allez, on feuillette vite fait avant de reposer vite fait cette ignominie sans la lire…

Ouch ! Pas déçu du feuilletage… Qu’on en juge :

Le metteur en page de ce chef-d’œuvre s’en est donné à cœur joie avec les erreurs que même le plus débutant de tous les débutants n’oserait pas faire. Ici, il a confondu, ou plutôt inversé les marges de petit fond (marges latérales intérieures) et les marges de grand fond (marges latérales extérieures). Où est la place qu’on laisse aux pouces pour qu’ils ne cachent pas le texte pendant la lecture ? Hein ? Où elle est ?…

Là, sur la page de gauche, p. 32, les marges sont plus ou moins bien distribuées… mais sur la page de droite, censée être la 33, catastrophe, inversion à nouveau qui va jusqu’à couper le texte. Les bras nous en tombent, et le moral avec…

On arrive aux dernières pages de l’ouvrage et, ô surprise, notre metteur en page de talent a aligné les pages en pied plutôt que de les aligner en tête. Ça donne un genre, c’est certain, mais un genre catastrophique. Et on constate au passage que si la page de gauche est correctement empagée et imprimée, la page de droite, en plus de son alignement plus que surprenant, est dégueulassement imprimée, avec ses caractères qui graissent, preuve que l’encrier de la presse n’est pas correctement réglé.

Enfin, le livre a gagné un petit voyage dans l’affaire. Il a quitté le rayon polar pour le rayon tératologie de la bibliothèque. Il le méritait bien, non ? Mais je ne l’ai toujours pas lu, et il semble bien que je ne le lirai jamais.

CLS
décembre 2025