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Pouvoir mesurer est primordial, et pas seulement en typographie. Mais en typographie (du moins en typographie traditionnelle au plomb), cette prise de mesures possède une caractéristique qui lui est propre : elle n'utilise pas le système métrique. La raison en est simple : la typographie occidentale est née bien avant le système métrique et un système stable de mesures typographique fondé sur le pouce royal français avait été mis au point (c'est le cas de le dire !) par François-Ambroise Didot avant que la Révolution française n'éclate et ordonne à une commission de savants de calculer le mètre (dix-millionième partie du quart du méridien terrestre). Les imprimeurs typographes dont tout le matériel avait été fabriqué suivant les mesures de l'ancien régime ne voulurent pas en changer pour des raisons économiques faciles à comprendre, et l'habitude resta de génération en génération de calculer avec ces mesures traditionnelles.
La règle du typographe s'appelle typomètre et revêt plusieurs apparences. Elle fut tout d'abord une simple règle de bois graduée. Sur la photo ci-dessus, de haut en bas, d'autres formes :
Les pinces typo ou brucelles font partie du matériel qui appartient en propre au typographe. Elles servent à plusieurs choses. Pendant la composition, à prendre dans la casse les caractères ou les espaces que des doigts trop gros auraient du mal à saisir. Elles évitent un peu, dans ce cas, de se trop salir les doigts quand la casse est poussiéreuse. Pendant la correction, elles servent à extraire d'une ligne un caractère à changer. Attention alors à bien saisir le caractère sous peine de voir les pinces glisser et abîmer l'œil du caractère.
Dans les cinq pinces ci-dessus, seules les deux de gauche sont des pinces typo réelles. Les trois autres ont été élues à ce grade alors que leur vocation première était différente. Celle de droite était une « vulgaire » pince à timbres, celle à sa gauche, trouvée dans une brocante, courtaude, bien ouverte, aux extrémités larges est pratique pour aller chercher des moyens ou gros corps coincés au fond des cassetins, celle du milieu, longue et aux extrémités acérées, est idéale pour se saisir des petits corps dans les petites casses (celles de 50 cm de large).
Lorsque la composition du texte est terminée, que les composteurs pleins et successifs ont fini par fabriquer une plus ou moins longue colonne de texte qu'on a lié, l'homme étant ce qu'il est dans son imperfection native se doit de vérifier que le texte est exempt de faute(s). C'est là le travail de la presse à épreuves en placard ou à épreuves de relecture. Imprimer sur un mauvais papier, simplement, rapidement mais avec suffisamment de netteté pour que la lecture soit sûre, le texte à corriger. Un peu d'encre, un rouleau pour en enduire l'œil de la lettre, la feuille de papier posée (droite ou de travers peu importe) sur le pavé, un deuxième rouleau, presseur celui-là, qui passe sur le tout et le tour est joué, la lecture critique et attentive peut commencer...
Elle nous vient tout droit du XIXe siècle. Elle est petite, élancée et ne rechigne pas à la tâche. Presse d'atelier d'artiste prenant peu de place au sol, elle est idéale pour des tirages courts en taille-douce (gravure sur cuivre) de plaques au format modeste.
Ce fut le dixième anniversaire de son arrivée dans l'atelier voici peu de temps : elle s’intégra dans la vie du local parisien le 9 septembre 2001, portée en triomphe par quatre paires de bras musclés. Comme elle est noire et qu'elle est arrivée un mardi, on l'a baptisée Black Tuesday. Elle imprime sans coup férir des plaques de 9-11 pouces...
Les coupoirs, biseautiers et rabots servent à découper, biseauter et rectifier les filets de plomb, éventuellement les interlignes. On s'en serait un peu douté à l'énoncé de leur nom. Qu'est-ce qu'un filet, maintenant ? Un élément imprimant typographique fondu à la même hauteur que les caractères (hauteur typographique ou hauteur d'œil : 23,56 mm) qui laisse comme trace sur le papier un trait d'épaisseur et de forme variable (simple, double, cadre, pointillé, tireté, ondé, moleté, etc.) et qui est présenté sous la forme d'une lame d'environ un mètre de long à découper suivant les besoins pour créer des séparations, des tableaux, des encadrement ou des ornements.
Elle a un drôle de nom : le chien, cette petite brosse à poils très durs qui sert à frotter les caractères typographiques pour les nettoyer lorsqu'ils sont encrassés d'encre ou de poussière (ou des deux). Du côté de par ici, on utilise cet outil encore très régulièrement pour que l'impression soit toujours de la meilleure qualité possible. Mais d’où vient son nom ? On l'ignorait voici encore peu de temps, lors de la première parution de cet articulet...
Alors, la curiosité de cet infatigable et talentueux chercheur qu'est Jacques André s'est mise en branle... On avouait ne pas connaître l'origine de ce « chien » (il faut dire qu'on n'avait pas beaucoup cherché...) Qu'à cela ne tienne, J. A., lui, a cherché. Voici ce qu'il a trouvé : Rien dans Fertel (La Science pratique de l'imprimerie, 1723), rien dans Fournier (Manuel typographique, 1764-66), mais dans le volume 5 de l'Encyclopédie, quelque chose d'éclairant :
Donc, notre chien est, selon toute probabilité, une brosse à tête dont le nom réel s'est perdu au profit d'un surnom obtenu par synecdoque d'une des matières dont il est composé : le chiendent.
La brosse à formes est le complément naturel, section « nettoyage », du chien. Du temps de la typographie (au plomb) rayonnante et industrielle, elle servait à lessiver énergiquement de toute trace d'encre les formes d'impression quand le tirage était terminé. La forme pouvait alors être démontée et les caractères, propres, redistribués dans les casses. Elle sert beaucoup moins de nos jours où les gros tirages sont assurés pour le texte par d'autres procédés d'impression. On en use encore un peu pour réparer quelques bévues, essentiellement le nettoyage sur presse quand le typo a eu la main un peu trop lourde en encrant la machine.
Les comparateurs ont une désignation quelque peu trompeuse. Ils ne sont pas là, en effet, pour comparer mais bien pour mesurer. Mesurer des hauteurs ou des épaisseurs de la façon la plus précise possible : au centième de millimètre.
Les deux comparateurs que l'on voit ici ont des utilisations différentes. Celui de gauche, de marque Fag (marque Suisse), ne sert qu'en typographie au plomb. Il mesure et vérifie qu'une forme d'impression ou un cliché sont bien à la hauteur typographique (ou hauteur en papier) : 23,56 mm. C'est la hauteur à laquelle sont fondus (du moins en France) tous les caractères et tous les décors typographiques. C'est la hauteur à laquelle doivent être portés tous les éléments iconographiques extérieurs à la fonte : bois gravés, linogravures, clichés zinc ou clichés galvano, etc. C'est à cette hauteur que sont réglées toutes les machines typographiques afin que la forme d'impression s'encre de façon homogène et que le papier à imprimer se presse contre la forme encrée avec juste la pression nécessaire au bon transfert de l'encre.
L'autre comparateur, de marque Bucher & Mayer (Stuttgart, Allemagne) n'est pas d'un usage exclusif à la typographie. Il sert à mesurer de minces épaisseur quelle que soit la nature du matériau. Dans l'atelier, il est utilisé à mesurer les épaisseurs du papier à imprimer et peut ainsi contribuer aux réglages fins des presses qui, par exemple, pour une même forme, auraient à imprimer plusieurs papiers de nature différente.
S'il est un outil qui symbolise à lui seul le typographe au plomb, c'est bien le composteur. Il fait partie de son saint-jean (ses outils personnels), composé des pinces, de la pointe, du visorium... et de lui. En notre époque de retour au naturel, au sain, au « vert » sans OGM, qu'on se garde bien de confondre cet indispensable composteur avec le récipient homonyme que l'on remplit de déchets végétaux aux fins de les faire pourrir pour obtenir une terre riche. On remplit aussi le composteur du typographe, mais avec du plomb toxique et polluant qui ne pourrit pas – heureusement – mais qui, par opération alchimique, va se transmuter en l'or de la parole écrite (oui, elle est bien d'or, la parole, quoiqu'en puisse dire un stupide proverbe qui vante les mérites du silence, ce couard).
À quoi, au juste, le composteur sert-il ? À former les lignes du texte en y assemblant un à un les lettres chiffres, signes et espaces. C'est un outil creux que l'on règle en longueur pour déterminer la dimension maximale des lignes de texte : la justification. Ensuite de quoi, après y avoir inséré verticalement une interligne de bonne longueur, les lettres et signes sont pris les uns après les autres dans la casse et placés tête en bas dans le composteur pour former les mots du texte.
Comme on le constate aisément, le composteur n'a pas une forme unique et immuable. À l'instar des individus qui s'en servent (des autres aussi), il revêt des apparences très différentes. Son aspect varie suivant l'usage auquel on le destine ou suivant les goûts du typo qui l'utilise. La photographie ci-dessus le prouve assez. Le composteur peut être étroit ou large, long ou court, à vis ou à levier, en bois, en fer, en maillechort ou en aluminium, à réglage automatique ou non.
Le composteur à levier (4e ligne en partant du haut) est un cadeau de l'ami Robert Niclaus qui fut le chef d'atelier du dernier compositeur Monotype à façon de Paris, les ateliers Gerbaud, devenus Typo-Méca, 6, rue Arthur-Rozier, dans le 19e arrondissement. Il ne fonctionne plus, son levier est trop usé, il ne serre plus. Mais il est très précieux, sentimentalement parlant : Robert l'avait depuis ses 16 ans, c'est avec lui qu'il avait fait son apprentissage.
Les très longs composteurs servaient surtout à composer des tableaux de grandes dimensions. Mais il existait aussi (l'atelier n'en possède pas) des composteurs à multiples compartimentations qui permettaient d'obtenir plusieurs justifications de colonnes sur une même ligne pour composer le contenu des colonnes avec plus de précision.
CLS
octobre 2009
Réaction n°3
Quel plaisir de parcourir votre site internet...
On y retrouve (ou on y découvre, selon les rubriques) tellement de choses intéressantes. Me promener au fil de vos rubriques me rend impatiente de venir visiter votre atelier, dès que Monsieur Covid aura tourné les talons
Votre métier est vraiment passionnant !
Réaction n°2
Bonsoir je cherche à acheter le typomètre en acier de 50 cm et je ne sais comment faire
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George Auriol
sur l'ultime création
de M. Pullmann
20 pages,
format 11,2 x 13 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.
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