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Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
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A memory - by cls
à Boissy-le-repos
souvenir d’un lieu magique
Aujourd’hui, c’est dimanche et pour moi, le dimanche, aux beaux jours, c’est brocante. Ah ! Brocante. Pourquoi donc ? Pour chiner, bien sûr, mais pas que, lorsqu’on a déjà sous la main, comme moi, tout ce que l’on souhaite avoir, que chercher de plus qui ne soit superflu ou pour tout le moins d’un intérêt très secondaire, ou même encore qui relève de l’inutile.
Quand on chine comme moi depuis plus de soixante ans, initié encore tout enfant par des chineuses familiales, et qu’on a tout ce que l’on souhaite et même du superflu, je viens de le dire, on chine éventuellement pour découvrir un objet que l’on a jamais vu auparavant, dont on ne sait rien, ni la nature, ni le fonctionnement ; on n’a aucune envie de l’acheter, mais on a celle de savoir à quoi il sert, ou de savoir à quoi il a servi, entre les mains de qui il est passé, et si l’on apprend cela de la part du vendeur (s’il est aimable), on repart de son stand tout content d’avoir engrangé, dans le petit coin de la cervelle qui sert à stocker les informations brocantiques, des informations nouvelles, des informations qui complètent celles qu’on a déjà acquises. Il est rare pour moi d’être confronté à un tel objet, j’en ai tant vu dans tant de brocantes, chez tant de brocanteurs, chez tant d’antiquaires... Voilà pourquoi après tant d’années et tant de brocantes, c’est encore un plaisir, à chaque fois renouvelé, de partir pour une nouvelle brocante, au cas où elle soit celle qui...
Il arrive aussi que l’on passe devant un bel objet, rare ou peu courant, en bon état, dont on apprécie la facture mais dont on n’a absolument pas besoin. Alors on l’évalue, et on discute avec le vendeur pour savoir s’il en connaît la valeur ou l’intérêt, et en partant du stand on leur souhaite — au vendeur et à son objet — de trouver l’acquéreur idéal, celui à qui cela fera un plaisir réel, authentique, celui pour qui l’achat sera une nécessité essentielle. Pour des raisons qui lui sont propres et qu’il gardera pour lui.
On part aussi pour une brocante, comme c’est aussi mon cas, pour établir un constat. Le constat de ce qu’une partie de la bipédité a acquis, ou hérité d’une manière ou d’une autre, et dont elle ne veut plus. Qu’elle n’a pas le courage de jeter, ou qu’elle pense, sentiment fondé ou non, pouvoir s’en débarrasser de manière lucrative. Étal de pauvres objets relégués, désavoués, déprisés mais pourtant symboles non pas individuellement mais collectivement de notre société trop productive d’inessentiel. Parfois, devant cette profusion d’inutilité matérielle, on a presque — presque seulement — envie de se retrouver dans la peau d’un sādhu, ces mendiants indiens qui ont tout rejeté, qui ne possèdent rien, et qui mendient leur nourriture dans le creux de leurs mains ou, éventuellement, dans le sommet d’un crâne humain qu’ils ont trouvé dans le Gange et qui leur sert de bol.
*
* *
La brocante d’aujourd’hui m’a conduit dans le village de Boissy-le-Repos. À chaque fois que je passe par ce village, je ne peux pas m’empêcher de penser à un lieu qui n’existe plus, hélas, et qui pour moi était en endroit extraordinaire. La Bouquinerie de Fernand Lecerf. Retour dans le passé. Souvenir.
Ceux qui me connaissent un peu, de près, de loin, ou même par voie numérique peu importe, savent que le livre de manière générale ne m’est pas indifférent. Et aussi, bien sûr, les librairies d’ancien et les bouquineries. Le livre a toujours fait partie de mon existence, du plus loin que je me souvienne, même avant d’avoir appris à lire pour la première fois.
— Pour la première fois ?
— Oui. Au cours préparatoire, on apprend à déchiffrer une écriture, à la lire de plus en plus couramment. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’on apprend à bien comprendre ce qu’on lit et parfois, selon l’expression consacrée, imagée mais un peu bête si on la prend au premier degré (niveau cours préparatoire), à « lire entre les lignes », à comprendre ce qui peut être implicite mais pas explicite dans un texte.
Dans les années 1980, j’étais pris d’une frénésie de faire et j’enchaînais, si je puis dire, la fabrication de mes petits livres les uns après les autres sans m’arrêter ou presque. Presque, car je m’étais créé un rite. Dès que j’avais terminé de coudre, ou d’assembler si j’avais décidé de ne pas coudre, le dernier exemplaire d’un tirage, j’alignais tous les petits livres sur ma table de travail et je les regardais comme ça, moi plus ou moins immobile, eux bien alignés, pendant dix minutes ou un quart d’heure en me disant intérieurement quelque chose du genre « Tu te rends compte, mon vieux, c’est toi qui a fait ça, tout seul, sans l’aide de personne... ». Après cette contemplation méditative et relativement narcissique, je me mettais au volant de ma voiture, une 4L bleue à l’époque, et je prenais la route pour aller découvrir un village de la région que je ne connaissais pas encore. Une vacance d’une demi-journée, voire d’une journée entière.
C’est ainsi que j’ai découvert le village de Boissy-le-Repos. Et, à ma grande surprise, que j’ai découvert la Bouquinerie de Fernand Lecerf. Je ne m’y attendais vraiment pas. « Quoi ? Une bouquinerie dans un aussi petit village où il ne passe presque jamais personne ? » C’était une gageure, une folie, une improbabilité.
À peine la porte franchie, je sus que j’étais dans un endroit unique. Dans un endroit magique. Un endroit dont la découverte devait se mériter. Aucune publicité autour de cette bouquinerie. Aucune publication à ma connaissance n’annonçait son existence. Seul le bouche à oreille devait fonctionner, et mes oreilles n’avaient rencontré aucune bouche qui savait. Le hasard seul m’avait fait découvrir le lieu. Merci, camarade Hasard, à charge de revanche !
Plus d’une fois, par la suite, je suis retourné à la Bouquinerie. Et j’ai discuté avec Fernand. C’est ainsi que j’ai appris de sa bouche qui savait (et pour cause) qu’il avait été libraire à Paris, puis libraire itinérant dans la Marne et alentours, de marché en marché puis, lassé de l’itinérance, qu’il avait ouvert sa Bouquinerie à Boissy où il habitait. Au fil des années, j’ai vu la Bouquinerie devenir bouquinerie-buvette, avec tables sur la mini-place devant la bouquinerie, puis bouquinerie-buvette-brocante. Avec toujours Fernand, sa gentillesse et son humour.
À quelques rares exceptions près je suis toujours venu seul à la Bouquinerie. La découverte de ce lieu qui me plaisait tant devait se mériter. Jean Le Mauve fut la première personne à qui j’ai fait découvrir le lieu, et je ne me suis pas trompé en l’y amenant, il fut enchanté. Puis ce fut le tour de Jean-Hugues Malineau. Puis celui d’Éric Dussert. Je n’ai pas le souvenir d’y avoir conduit qui que ce soit d’autre à l’exception de la dame qui partage aujourd’hui mon existence.
Le 26 février 2005, c’était un samedi, je vins à la Bouquinerie et j’ai pensé à faire quelques photos. J’en faisais tous les jours, cette année-là. Ce sont les seules photos-souvenir que je possède du lieu et de Fernand. Sept en tout, dont certaines sont mal prises, mais qu’importe, elles sont un témoignage de ce qui a été et qui n’est plus depuis que Fernand a rejoint le paradis des libraires.
Fernand devant la Bouquinerie.
Les rayonnages à la pierre philosophale et au livre dévoré.
La même, au cas où la première aurait été ratée.
Le livre dévoré fait allusion à une campagne publicitaire des années 1950 en faveur de la lecture, avec Gérard Philippe.
Photo empruntée sur Pinterest.
Vue plus générale avec miel et consommations sur la dernière étagère. Et les petits mots de Fernand un peu partout.
Enfilade de rayonnages.
Fernand, un livre à la main, dans sa librairie magique.
Fernand et sa compagne à qui j’ai demandé l’autorisation aujourd’hui de faire ce billet souvenir.
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