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It looks like the human race risks becoming useless... apart from the valets, of course!   Alfred Pennyworth

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George Auriol
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de M. Pullmann

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20 pages,
format 11,2 x 13 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie.
21 €

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CLS
A pas feutrés

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Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
250 €

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Marie-Rose de France
Dits

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26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
60 €

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Pierre Pinelli
Molitor

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24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
60 €

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Marie-Rose de France
Dits

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36 p., format 10 x 14 cm.
composé et imprimé en
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60 €

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Godasses  -  by cls

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Godasses

Quand on est Parisien, pas même Parisien professionnel, simple Parisien amateur, ou Parisien d'occasion, Parisien de raccroc, Parisien temporaire ou intérimaire, il est difficile d'éviter l'emploi du train métropolitain. Ou alors on n'a pas l'esprit sain, ce qui n'est pas du tout incompatible avec le statut (ou l'état) de Parisien. Quand on pratique le Métro (abrégeons), sauf quand on est aveugle (non-voyant, visiodéficient), il est difficile de ne pas avoir en permanence sous les yeux des affiches publicitaires. Dans les couloirs, où elles adoptent des formats moyens, oblongs, rectangulaires ou trapézoïdaux, et dans les stations où règnent en maîtresses absolues les célèbres « quatre par trois ». D'aucuns se sentent agressés par le matraquage d'un message, d'autres voient en elles des taches qui colorent leur spéléologie quotidienne, la majorité n'y prête plus attention, habituée qu'elle est de cette fréquentation.

En tant que typographe, il m'arrive, quand le train tarde à venir, d'arpenter le quai et d'observer la composition des images et des textes. De noter parfois des erreurs ou des fautes en faisant abstraction du message contenu. Plus rarement d'analyser. Plus rarement ne veut pas dire jamais. Alors, pour une fois, allons-y. La photo date d'il y a quelques temps. Il convient de laisser s'évaporer les réactions les plus épidermiques.

Que voyons-nous ? Un grand faux coin de mur jaune d'un faux appartement bourgeois. Une jeune pétasse rousse (fausse) au look Lolita-Loulou qui fait semblant de vouloir atteindre le haut du mur sans aucune raison apparente. Le fait qu'elle soit rousse et fausse importe peu. Elle pourrait être blonde, brune, châtain, sang-de-bœuf, vert pomme, zinzolin ou arc-en-ciel, peu importe. Elle pourrait même être au masculin. C'est quoi le masculin de pétasse, déjà ? Il n'y en a pas ? Bon, ce n'est pas grave, inventons-le. Ce pourrait même être un pétas que cela ne changerait rien. C'est l'action qui compte, pas le personnage.

Que fait-elle donc la rousse pétasse fausse pour grimper plus haut le bras gauche afin de ne rien faire ? En passant, si au moins elle avait un clou dans une main et un marteau dans l'autre – dans le sens qu'elle veut, on s'en moque – on comprendrait : elle veut accrocher un tableau. Mais là, non, rien. Peut-être qu'elle s'est rendu compte que son faux appartement bourgeois est faux, bien que bourgeois, et qu'il n'a pas de plafond. Peut-être se trouve-t-elle trop ridicule ainsi et qu'elle cherche à s'évader. Mais ma cocotte, si ce n'est que ça, pas la peine de vouloir escalader un mur, il suffit de passer par devant. Tu sais, en direction du spectateur, là où il n'y a pas d'obstacle, là où on n'a pas besoin de grimper, là où il y a un crétin de photographe qui te demande de faire des choses imbéciles... Euh, je m'aperçois ici que tout n'est pas évaporé. Passons.

Que fait-elle donc pour grimper plus haut ? Elle monte sur des livres. Elle aurait pu monter sur un escabeau ou sur une échelle. Non, trop commun, trop évident, trop attendu. Elle aurait pu monter sur des briques. Non, dans un appartement bourgeois, on ne saurait trouver des briques. Ou alors cachées sous le papier peint. Elle aurait pu monter sur une chaise ou un fauteuil. Non, avec ses hauts talons et gourde comme elle est, elle se renverserait. Avec ses hauts talons ? C'est vrai au fait, qu'elle a des hauts talons. Et qu'ils ont l'air bien neufs. Alors... attendez, je réfléchis (en réalité, je fais semblant. J'ai déjà réfléchi. C'est pour vous faire accroire que j'ai du style et que je sais mener mes effets)... je réfléchis... et si c'était pour montrer ses chaussures qu'elle grimpe. Oui, c'est ça, c'est pour montrer ses pompes, ses tartines, ses grolles, ses écrase-merde, ses lattes, ses targettes, ses tiges, ses asperges, ses ribouis... Tout ça pour ça !

C'est donc pour montrer ses godasses et tenter de les vendre à de pauvres filles qui voudraient lui ressembler qu'elle monte sur des livres. Elle aurait pu monter sur des piles de Gala ou de Ici Paris. Non, pas de la revue, trop vulgaire, il faut du livre. Elle aurait pu monter sur des livres de poche. Non, bien trop commun. C'est sur des reliures anciennes qu'elle monte, sur des dix-huitièmes siècle. Faut ce qu'il faut. Plus chic. Standing béton. Ça t'a un petit côté « Je suis belle et conne, je méprise la culture, je lui marche dessus. T'as vu mes pompes. Elles méritent bien ça. Mille cinq cent euros l'une, alors je ne te dis pas les deux ! »

Moi, si j'étais à sa place, si j'avais trois mille euros à mettre dans le commerce, ce n'est pas une paire de grolles que j'achèterais. C'est une bibliothèque. Parce que tous ces bouquins en vrac par terre, dans un appartement bourgeois même faux, ça fait désordre. Et puis, rangés dans une bibliothèque, les bouquins ne risqueraient plus de se faire marcher dessus par des pétasses rousses à chaussures neuves. Enfin, ce que j'en dis...

Published on 01/10/2010 @ 18:43   All the posts   Preview   Print...   Top


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