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Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
Auteurs
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Des barbares...
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Fourneau et Fornax
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... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.
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Reliure ratée - par cls
Dans la même brocante que la Cendrillon d’avant-hier, j’ai trouvé un bouquin relié. En toute bonne logique, j’aurais dû le laisser dans la caisse où je l’ai trouvé. Un Mauriac, le Nœud de vipères. Même si je considère que Mauriac est un excellent styliste, je n’ai pas une passion pour son œuvre. Et des bouquins, dans ma bibliothèque, j’en ai déjà trop.
« Alors, pourquoi l’avoir acheté, eh ! Duglandu ? » va m’asséner direct le lecteur moyen excédé par mes diatribes à ne plus en finir. Deux raisons à mon achat, dont l’une est importante, et l’autre moins. En premier lieu, parce que c’est un exemple parfait de ce qui ne faut pas faire en reliure et que cet exemplaire va entrer illico dans la partie tératologie livresque de ma bibliothèque, en second lieu, parce que je l’ai payé 10 centimes et qu’à ce prix-là, on ne refuse pas un exemple de mauvais traitement livresque à montrer partout pour que ça ne se reproduise pas.
Là, je prends un temps. [silence sépulcral] Je vois, j’entends, je sens même les vibrations des cervelles actives des lecteurs moyens qui s’agitent avec frénésie dans leurs boîtes crâniennes...
« Alors, lui, c’est un bon ! Il est pas gonflé ! Le monde est à feu et à sang, on massacre à tour de bras, hommes, femmes, enfants, chiens, chats, poissons rouges... sans compter les baleines, les koalas, les ornithorynques et les hippocampes... Et tout ce qu’il trouve à nous bonnir, c’est une plainte lamentable et ridicule au sujet d’un bouquin mal relié dont, personnellement, tout un chacun se fout depuis son premier Enid Blyton... »
Disons que, pour m’éviter de penser en permanence à tout cela et à inaugurer une grandiose dépression, a marvelous nervous breakdown comme qu’on dit outre-channel, j’ai décidé, de temps en temps, de parler de choses sérieuses, certes, mais moins graves que les plus graves des choses graves qu’on provoque, nous les bipèdes. Ça permet de respirer. Voilà où je trouve mon inspiration, voilà quelle est mon aspiration, avant que tout ne se termine par une dernière expiration. Allez, de l’air, les cervelles lectoresques...
En reliure, il y a les relieurs amateurs et les relieurs professionnels. Chez les relieurs amateurs, il y a les relieurs qui prennent des cours chez un relieur professionnel et les relieurs autodidactes. Chez les relieurs qui prennent des cours, il y a ceux qui prennent des cours chez un bon relieur et ceux qui en prennent chez un moins bon ou un je-m’en-foutiste.
Avec la personne qui a relié ce Mauriac, on est dans le pire cas de figure. Un relieur amateur qui ne maîtrise pas grand chose, pas même le B-A BA de la technique, mais qui fait quand même... et qui bousille l’apparence d’un pauvre livre qui ne lui a rien fait. Parce que... lorsqu’on se veut artiste amateur : dessinateur, peintre, sculpteur, graveur, potier, etc., et qu’on est mauvais, on ne bousille que de la matière première : papier, toile, cuivre, terre, etc., ce n’est grave que pour le porte-monnaie... Mais quand on se veut relieur amateur, et qu’on est mauvais, on bousille un livre qui est un antérieur travail de création réalisé par des professionnels (je dis des parce qu’il faut en général plus d’un professionnel pour créer un livre), on bousille le travail des autres. C’est pas pareil, là. Et si par la grâce miraculeuse d’une reliure mal faite, on rend la lecture du livre plus difficile et que ça finit par lasser le lecteur, c’est le travail d’écriture du livre, le travail intellectuel, que l’on empêche de s’exprimer en obligeant le lecteur à refermer le livre parce qu’il le trouve malcommode à manipuler. Ça, c’est un credo que nous partageons, ma pouse — qui est relieure, et pas trop mauvaise dans son domaine —, et moi.
Les deux plats d’une reliure correctement réalisée sont plats, comme leur nom l’indique. Ici, c’est une évidence, ils cambrent outrageusement vers l’extérieur. C’est dû à un manque total de maîtrise du collage. Lorsqu’on colle un quelque-chose sur un carton, papier, toile, cuir ou ersatz comme c’est le cas ici, il se crée une tension lors du séchage de la colle et cette tension a pour conséquence le cambrage du carton. Pour lui rendre sa planéité, il faut procéder à un contre-collage, c’est à dire à coller un papier sur l’autre côté du carton pour rétablir l’équilibre des tensions entre les deux côtés et empêcher tout cambrage, qu’il soit concave ou convexe. Visiblement les contre-collages, ici, n’ont pas été faits, ou, s’ils ont été faits, ils ont été insuffisants.
Le travail de couvrure est grossier. C’est dû en partie à la maladresse du relieur et en partie au matériau utilisé, un simili cuir en matière synthétique dont on ne peut pas amincir l’épaisseur et qui n’a aucune souplesse. En résulte un aspect qui manque de finesse, impression confirmée par la présence de mastocs faux nerfs qui alourdissent l’esthétique du dos. Ajoutons à cela que la dorure n’est pas une dorure mais une écriture à main levée, probablement à l’aide d’un crayon à bille.
Terminons avec un autre grave défaut. Un livre bien relié, posé ouvert sur une table, ou toute autre surface plane, reste ouvert à la page voulue. Là, pour montrer le choix assez fâcheux du papier des gardes de couleur (disons, pour parler franc, qu’il est très moche), il a fallu maintenir à l’aide d’un doigt l’ouverture pendant la prise de vue. L’opération terminée et le doigt enlevé, la reliure s’est vite refermée comme si un ressort avait été posé entre le plat et le corps de l’ouvrage. Même chose lorsqu’on essaie de tenir l’ouvrage ouvert à une page quelconque de l’intérieur. Il se referme automatiquement dès qu’on ne le maintient plus. Défaut majeur pour qui, par exemple, étudie plusieurs livres ensemble et qui souhaite les laisser ouverts pour pratiquer une comparaison, ou pour faire un rapprochement de textes.
Que dire de plus ? Si j’avais voulu lire ou relire le Nœud de vipères, j’aurais peut-être acheté cette édition illustrée et bien faite. Belle typographie en Bodoni, belle mise en page, bonne impression, beau papier. Mais je l’aurais gardée brochée, pour me donner un vrai plaisir de lecture.
Un dernier point. Celui ou celle qui a relié cet exemplaire n’a pas pris la peine de le découronner, ce qui est une erreur en reliure si l’on souhaite avoir une belle tranche de tête, et qui est une faute grave pour un lecteur, car nous avons là la preuve que le livre n’a jamais été lu.
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