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George Auriol
sur l'ultime création
de M. Pullmann
20 pages,
format 11,2 x 13 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
Auteurs
Chronologique
Des barbares...
Casses
Divertissements
Fin-de-Siècle
Fourneau et Fornax
Impressions
Typographie
... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.
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Paresse - par cls
On ne trouve pas que des polars aux Éditions du Scorpion. On y trouve aussi des manuels de philosophie tels que ces Palabres de Léo Campion dans lesquelles peut se lire ce petit bijou dans la lignée de celui de Paul Lafargue :
Le travail est le fardeau des classes qui boivent.
Oscar Wilde.
(Le docteur Kloppe et le docteur Klette)
– Quel est ce cru, mon bon Maître ?
– Du Cita Vecchia. C'est un vin qui ne travaille pas ; il est Corse...
– Of course. Et on ne peut pas lui donner tort.
– C'est cette vieille ganache de Thiers qui fut le champion du Droit au Travail. Au travail des autres, naturellement.
– Heureusement il est mort.
– Pourquoi heureusement ?
– Parce que quand on est mort je suppose qu'on se moque d'être traité de ganache.
– Qu'en savez-vous ?
– Excusez-moi. Je demanderai à ma veuve. Mais pour en revenir à feu Monsieur Thiers...
– Mon petit Kloppe, je me moque du Thiers comme du quart, mais le Travail me fait mal aux seins. A l'opposé, je revendique le Droit à la Paresse. Car le travail est formellement antibiologique ; il débilite le corps et abrutit l'esprit. Alors que le Loisir est Sain et que la Paresse est Noble. L'Oisiveté n'est-elle pas la mère de tous les Arts ? Comparer l'homme libre qu'est l'artiste aux esclaves que sont l'ouvrier, le paysan, le militaire ; c'est comparer le pur sang au cheval de labour ; la fleur des champs à la fleur artificielle ; le sauvage flânant, nu, paisible et souple, sur les plages polynésiennes, aux troupeaux de citadins agglutinés, souffreteux et grégaires, entassés dans les grandes villes... Moi qui vous parle, Kloppe, je porte la barbe pour n'avoir pas à me raser, ma calvitie m'évite de me peigner, je n'aime pas la montagne parce que ça monte, je ne sais pas enfoncer un clou, ni conduire une automobile, ni laver une assiette, ni coudre un bouton, ni ouvrir un parapluie, ni cuire un œuf, ni cirer une chaussure...
– Vous êtes un pur esprit, mon bon maître. Une âme saine dans un corps sain...
– Oui. Je suis bon nageur (la natation est un sport horizontal), j'adore le vélocipède (en roue libre), l'aéroplane (en vol plané), l'escalier mécanique, la lecture, le farniente, la sieste, et j'ai besoin de beaucoup de sommeil. C'est si bon de dormir...
– J'admire vos mains blanches, mon bon maître. De vraies mains de fainéant !...
– Vous pensez bien que je n'ai pas une mentalité à m'abîmer les mains. Le maximum de mon activité manuelle, indépendamment de mon appartenance à l'Ordre du Taste-fesses, consiste à déboucher des bouteilles. Mais le jeu en vaut la chandelle...
– Il faut bien se désaltérer... Quand un travail devient un plaisir, ou le procure, ce n'est plus un travail...
– Alors que le travail, quand il demeure un travail, c'est-à-dire une activité à laquelle on se livre à contre-cœur, le travail en ce cas est une malédiction, parce qu'il ennuie l'homme. Or l'homme n'est pas fait pour s'ennuyer ; il est fait pour jouir.
– Et la femme, mon bon maître ?
– La femme aussi. Et plutôt deux fois qu'une.
– C'est l'avis de Framboisine, mon épouse. Framboisine est d'ailleurs une femme supérieure. Elle est tellement de votre avis que nous faisons l'amour à la paresseuse... Et cela me fatigue...
– C'est sans importance si cela vous amuse. Bonne fatigue, mon cher Kloppe : « Paressons en toutes choses, hormis en aimant et en buvant, hormis en paressant »...
– C'est de vous ?
– Non, c'est de Gotthold Ephraïm Lessing
– C'est bien quand même. Il faudra que j'en prenne note. Pour Framboisine... Je vous disais, mon bon maître, qu'elle est une femme supérieure. J'en ai quotidiennement tant de preuves et en suis tellement convaincu que j'en arrive à me demander si cela ne me donne pas un complexe d'infériorité ?
– Mon petit Kloppe, je vous connais bien et depuis longtemps, aussi puis-je vous rassurer de façon catégorique : Vous n'avez pas de complexe d'infériorité, vous êtes inférieur.
– Vous croyez ?
– J'en suis certain.
– Eh bien j'aime mieux cela...
– Il faut savoir se contenter de peu.
– J'admire votre sérénité, mon bon maître, comme la sûreté et la précision de votre jugement. Votre génie n'a d'égal que votre modestie.
– C'est parfaitement exact. Vous êtes inférieur, mais pas idiot. Et en confirmation de votre affirmation, je peux vous le confier : les autres génies que j'ai rencontrés – et quand il y en a deux ou trois par siècle, ce n'est déjà pas mal – eh bien les autres génies que j'ai rencontrés étaient prétentieux...
– C'étaient par conséquent des génies incomplets.
– Soyons indulgents, Kloppe, même les génies ont leurs petites faiblesses... Sinon ce seraient des monstres...
– A ce propos, mon bon maître, vous fumez toujours ?
– Non, jamais.
– J'espère alors que la fumée ne vous dérange pas ?
– Si, toujours.
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