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Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
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... for those who are too lazy to seek.
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(voir le billet précédent)
On n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Mais qu'on se rassure, on ne va pas passer le reste du printemps là-dessus, ni l’été, ni l’automne, ni l’hiver. On s’arrête à la fin de ce billet. S’amuser, ça va un temps, mais point trop n’en faut. On a autre chose à faire. Mais on n’empêche pas les bipèdes qui ont remplacé leurs globules rouges par des 1 et leurs globules blancs par des 0 de continuer... font ce qu’ils veulent, après tout.
On a essayé d’autres artistes, une huitaine. On a choisi des qui nous plaisaient. On rappelle que le thème est : Tintin et Milou devant le château de Moulinsart. Les résultats sont, là, juste en-dessous.
Tintin et Milou par Praxitèle, sculpture en marbre de Carrare.
Tintin et Milou par Jérôme Bosch, huile sur panneau de bois.
Tintin et Milou par Giuseppe Arcimboldo, huile sur toile en fibres de courges.
Tintin et Milou par le douanier Rousseau, huile peinte à l'aide d'une plume d'ibis rouge.
Tintin et Milou par Vincent Van Gogh, huile peinte au couteau à couper les oreilles.
Tintin et Milou par Pablo Picasso (période bleue), huile sur isorel de récupération.
Tintin et Milou par Amadeo Modigliani, huile échangée contre un litre de rouge.
Tintin et Milou par Fernando Botero, huile peinte après dix ans de régime au McDo.
Depuis quelques mois, le grand sujet à la mode, qui évite de parler des sujets qui fâchent comme la propension des bipèdes à vouloir massacrer ceux qu'ils estiment être un petit peu différents d'eux, ou la volonté d'accumuler plus de menue monnaie qu'en accumule le voisin estimé un petit peu différent d'eux pour se penser supérieur, plus grand, plus beau, plus magnifique, c'est l'existence nouvelle d'une « intelligence » non-bipède appelée « intelligence artificielle » ou « IA » pour faire plus court parce qu'il faut utiliser des abréviations dans le discours pour dire plus de « choses importantes » dans le même temps (parce que le temps est précieux), au risque de ne plus être compris par les plus communs des bipèdes qui tentent d'écouter pour comprendre.
À force d'entendre parler d'« IA », on s'est dit qu'on pourrait essayer de faire joujou avec l'une d'entre elles (parce qu'il n'y en a pas qu'une seule, y en a plein, tapies dans les recoins sombres des ordurateurs — les « IA », vous le saviez déjà, vivent dans les ordurateurs où elles se gavent d'électrons de un et de zéro — prêtes à vous sauter sur le paletot dès que vous vous approchez d'elles. On en a approché une récemment, seul mais avec prudence, et bing, bang, boum, elle nous est tombée dessus.
— Qu'est-ce tu veux toi ? qu'elle demande, l'air agressif.
— Heu, je voudrais bien que tu me peignes un tableau de Léonard de Vinci qui représente Tintin et Milou devant le château de Moulinsart, qu'on lui répond en bafouillant un peu parce qu'il a fallu lui parler en anglais.
— Et t'en veut qu'un, qu'elle répond, passe que je peux en faire plus...
— Bon, si tu veux, puisque tu le propose, tu m'en fais une vingtaine. Ça coûte pas plus cher.
Et elle en a fait dix-neuf, parce qu'elle ne sait pas bien compter.
Ce cri du cœur est certainement partagé par beaucoup. Et pas seulement par les bipèdes qui se disent humains. Prenons l'exemple de la grammaire française qui édicte des lois pour avoir le plaisir de forger des exceptions...
... [un silence] « Ah bon ?! » On vient de m’apprendre que la grammaire n’est pas une entité vivante autonome, qu’elle avait été fabriquée de toutes pièces par des bipèdes. Mon raisonnement et mon exemple sont donc mauvais. Tout nous ramène aux bipèdes. Ma volonté de partager la révolte de Toto reste toutefois vive. Il faut édicter des lois, des règlements, des codes pour qu’on ait le plaisir de ne pas les respecter, en toute connaissance de cause. Mais point trop n’en faut, on ne saurait plus où donner de la tête, on se disperserait trop à l'instar de la fleur de pissenlit sous le souffle de la brise. Il faut laisser le temps aux désobéissances pour qu’elles se fassent... sinon, c’est le chaos.
Les brocantes se suivent, et se ressemblent sans pour autant trop se ressembler. Si l’on a la courtoisie de suivre avec régularité les billets de ce blog irrégulier (mais qui, depuis quelques temps tente de l’être) on se souvient du billet du 3 mai dernier qui narre la trouvaille d’un ouvrage de 1538. Rien de tel ce dimanche-ci, mais trouvaille tout de même. Chopin pour les uns, acquisition quelconque pour les autres. Cinq livres assez récents, enfin... pas trop vieux et en très bon état.
Fort désappointé de n’avoir rien trouvé dans la brocante la plus importante et la plus éloignée, on a décidé, sur la route du retour vers les Pénates qui entretiennent plus ou moins bien l’atelier de Fornax (ils ne font pas la poussière, ce qui est contrariant), de passer voir de minuscules brocantes qu’on néglige le plus souvent tant on a peu de chance d’y chiner des choses intéressantes. Et dans la plus petite d’entre elles, six ou sept exposants pas plus, dans un village encore plus petit que Bannes...
Tous les lecteurs compulsifs de catalogues de vente de libraires anciens, tous les amateurs de littérature française, période fin 19e et début 20e et tous les libraires proposant à la vente des ouvrages de cette période vous le diront, les ouvrages de Paul Fort (1872-1960), élu prince des poètes et mis en musique par Georges Brassens, ne sont pas très recherchés. Il avait une tendance certaine à dédicacer ses ouvrages à tour de bras à telle enseigne qu’une anecdote circulait, et circule encore peut-être, dans les milieux de la librairie d’ancien qui prétendait qu’un libraire, proposant dans un de ses catalogues un ouvrage de Paul Fort, avait ajouté à sa notice descriptive : « Exemplaire rare : sans envoi. » Peu importe que cette anecdote soit vraie ou fausse, elle annonce la suite, vous l’avez deviné.
Les cinq livres évoqués plus haut sont cinq Paul Fort payés individuellement deux euros (donc dix euros l’ensemble, on n’a pas discuté le prix annoncé par le vendeur). Ils ont, bien sûr, tous un envoi, tous à la même personne, et de petits truffages. Allez, on vous montre cela.
Le premier des cinq est le volume IX de l’édition définitive des Ballades françaises, Bol d’air, avec un avant-propos de Guillaume Apollinaire, Flammarion, 1946.
Il est doté d’un envoi au recto de la page de garde et d’un texte manuscrit à son verso. L’envoi.
Le texte manuscrit.
Glissée à l’intérieur de l’ouvrage, une carte de visite avec correspondance à la dédicataire.
L’ouvrage est illustré d’un portrait de l’auteur par Jean Bruneau, probablement une linogravure.
Le deuxième ouvrage est le volume XI de l’édition définitive des Ballades françaises, Contes de ma sœur l’oie et de mon frère le jars, avec une préface d’André Fontainas, Flammarion, 1947. Il est illustré, en frontispice, d’un dessin de Marie Laurencin, La Fée conteuse.
Lui aussi est doté d’un envoi et d’un texte manuscrit.
A l’intérieur est glissé un prospectus de la Société des Amis de Paul Fort nous apprenant (comment ne pas en être étonné) que Paul Fort n’a jamais existé.
Le troisième ouvrage est le volume XIV de l’édition définitive des Ballades françaises, Mon Grand Pays, avec un avant-propos de Raphaël Barquissau, Flammarion, 1950. En frontispice, la reproduction d’un lavis (assez moche, opinion toute subjective) de Georges de Meyenbourg, L’ombre du trouvère s’étend sur la France.
Un envoi encore.
Glissé à l’intérieur, plié en deux, un bulletin de souscription tapé à la machine à écrire.
Le quatrième ouvrage est un volume inédit et sans numérotation de l’édition définitive des Ballades françaises, Empire de France, avec un avant-propos de Charles Thibault, Flammarion, 1953. Il est illustré en frontispice de la reproduction en noir et blanc d’une peinture de Maurice Callewaert, Paul Fort devant l’aurore.
Le traditionnel envoi.
Un bulletin d’errata, 4 lignes au duplicateur à alcool, en bleu sur papier rose, est glissé à l’intérieur du volume.
Le cinquième et dernier ouvrage est encore un volume inédit et sans numérotation de l’édition définitive des Ballades françaises, Ferveur française, avec un avant-propos de Georges Lecomte, Flammarion, 1954. Il est illustré en frontispice de la reproduction d’une photographie en noir et blanc, La Tourangelle et Paul Fort en Ile de France.
Et le dernier envoi.
Nous avons bien entendu cherché à en savoir un peu plus sur demoiselle Lucie Rondeau qui porte un si joli nom de poème, mais nous n’avons rien trouvé de convaincant. Elle faisait partie du Groupe des Amis de Paul Fort pour lequel un tirage spécial sur beaux papiers était réalisé à la parution de chaque volume, c’est tout ce que nous avons pu trouver de certain. Peut-être était-elle la Lucie Rondeau-Luzeau qui fut à la fois scientifique et poète ? mais on peut en douter, même si les dates de sa vie pourraient correspondre. Toutefois, elle n’était pas champenoise comme l’était le rémois Paul Fort, et les cinq livres viennent d’une bibliothèque champenoise dispersée. Il faudrait chercher un peu plus longtemps que le temps qu’on a consacré pour la rédaction de ce billet quotidien.
Il est à noter enfin, hélas pour Paul Fort, que les cinq exemplaires dédicacés à Lucie Rondeau n’ont pas été découronnés, donc que la demoiselle n’a pas pris le temps de les lire (soupir de déception)...
P.-S. (le lendemain matin) : Mon épouse, à qui, au retour des brocantes, j'ai raconté mes trouvailles et les conditions dans lesquelles je les ai faites, après lecture de ce billet, m’a reproché d’avoir oublié de narrer un certain détail qui lui avait bien plu. Je ne puis faire autrement que de l’ajouter maintenant. Sur le chemin pour me rendre à la première des brocantes, je me mis à fredonner et à siffloter une chanson, comme cela m’arrive parfois. Comme cela nous arrive à tous, parfois. Cette chanson s’est incrusté dans ma tête et s'est imposée à mes sifflotis pendant toute la matinée jusqu'au moment où j'ai trouvé les cinq livres. C'était La Marine, paroles de Paul Fort, musique de Georges Brassens. Il est vrai que la coïncidence était trop belle pour la tenir cachée. D’autant plus qu’à l'intérieur de l'un des cinq livres se trouvait le poème en question...
Bien sûr, de but en blanc, comme ça, on ne peut rien affirmer. Interrogés sur la question, les militaires prétendront que cela veut dire Base Navale, ce à quoi les gourmands leur répondront illico que cela veut plutôt dire Biscuiterie Nantaise. Mais les rats de bibliothèque se gausseront d’eux en affirmant, péremptoires, que cela veut dire Bibliothèque Nationale, toutefois, un quarteron d'entre-eux, plus littéraires que chercheurs, affirmeront que ce sont les initiales de Bernard Noël et que nous nous trouvons devant les cheminées du Château de Cène... ce qui fera rire les optimistes, persuadés que cela veut dire Bonne Nouvelle.
De mon côté, je ne me prononce pas, car je suis persuadé (et c’est mon seul credo) que chacun voit midi à sa porte et fait en fonction de sa culture, de ses inclinations et de ses goûts.
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