En passant :   Nommer les choses ne les apprivoise pas toujours ; parfois, cela ne fait qu'étiqueter le gouffre.   Soulignac
Les petits derniers...

Thomas Braun
La Bénédiction
des fromages

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8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
30 €

 __________

CLS
A pas feutrés

frnx-281-mini.jpg

Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
250 €

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Marie-Rose de France
Dits

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26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
60 €

 __________

Pierre Pinelli
Molitor

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24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
60 €

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—♦—

L’atelier de CLS
(vidéos)

CLS-bois

Le livre commenté

Marie-Rose de France
Dits

frnx-283-mini.jpg

36 p., format 10 x 14 cm.
composé et imprimé en
typographie au plomb
Tirage à 120 exemplaires.
60 €

(cliquer sur l'image
pour en savoir plus)

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Gratuit


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Lin  -  par cls

Lin dans l'autre, sans perdre le fil

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Bien sûr, bien sûr, les photos sont un peu pourraves. Normal. Une photo ne peut être que pourrave quand on espère qu’elle soit un reflet exact de la réalité. Ouais... mais faudrait d’abord savoir ce qu’est la réalité. Refrain connu. Ce qu’on perçoit et qu’on nomme réalité, nous les bipèdes qu’on dit de nous-mêmes qu’on est doté de raison (faudrait aussi savoir ce qu’est la raison), avec nos cinq minables petits sens qu’on ne sait même pas dans quel sens ils fonctionnent, qui captent ce qu’ils peuvent, et qu’on comprend ce qu’ils ont capté avec l’attention qu’on peut, est-ce que c’est ça la réalité ? Et est-ce que la réalité bipédique est la même que la réalité de la mouche (ou de l’abeille, c’est plus noble comme bestiole), ou la réalité du crocodile, ou la réalité du bousier coprophage, ou (pour faire plaisir aux petlovers) la réalité des chiens, des chats ou des cochons d’Inde ? Ou la réalité du nénuphar aquatique, ou celle du pavot somnifère, ou celle de la feuille de coca du Pérou, parce qu’elles doivent bien avoir une réalité, les plantes, elles aussi ?

Les plantes, on y vient. Les photos qui sont ou qui ne sont pas un reflet (dans quel miroir ?) de la réalité, qu’on voit, là, dans ce billet, sont, l’un dans l’autre, des photos d’un champ de lin. Bien, on avance. D’un champ de lin en fleur. Et c’est là où ça débloque par rapport à ce qu’on perçoit avec nos yeux de bipèdes censés être évolués et qu’on nomme réalité, alors qu’on ne sait même pas ce que veut dire ce mot de réalité, la couleur des fleurs de lin des photos n’est pas la même que la couleur qu’on voit avec nos yeux de bipède. Est-ce grave ? Non. Demandez à n’importe quelle abeille qui passe ce qu’elle en pense, elle vous dira qu’elle s’en fout comme de son premier voyage pollinisateur. Le bleu de la fleur de lin, pour nous, est d’un bleu pâle, qu’on peut trouver assez chouette, et qui n’a strictement rien à voir avec le bleu du myosotis, ou le bleu du ciel, ou le bleu du lapis-lazuli (c’est beau, ce mot lapis-lazuli, on dirait une petite fille qui danse en robe pastel avec une couronne tressée de myosotis et de bleuets au front), ou le bleu délavé et scandinave des yeux de la petite amie du cousin de ton voisin de palier. Il a pas de palier, ton voisin, pas grave, on supprime le palier, et on garde le voisin. Et si t’as pas de voisin, va voir à Oulan-Bator ou à Tombouctou si j’y suis.

Le lin, ça c’est une chouette plante ! Avec sa graine, on fait de l’huile, et avec sa tige, on fait du fil. Vachement utile, le lin. Surtout pour les vieillards pas encore trop séniles comme moi qui continuent, contre vents et marées (heu... du vent, y’en a dans la Champagne où j’écris ce billet informe, mais des marées... y’en a plus depuis le Crétacé ; les dinosaures ont connu, pas moi, j’suis pas assez vieux), qui, comme moi, contre vent d’Est ou vent d’Ouest, continuent à faire des livres avec des petits bouts de plomb, de l’encre, du papier et du fil de couture.

Avec l’huile de lin qu’on fait bouillir, on obtient du vernis, qu’on mélange avec du noir de fumée, et on obtient de l’encre pour mettre sur les petits bouts de plomb afin de salir le papier. Avec le fil de lin et une aiguille, on coud les petits livres fabriqués pour que les feuilles, ou les cahiers, se barrent pas dans tous les sens. Et le fil de lin, c’est le plus solide de tous les fils végétaux de le Monde entier ! Voilà pourquoi, j’suis ému quand je passe à côté d’un champ de lin en fleur.

... Et en plus, avec le lin, on fait des draps si farabuleux qu’un éditeur-typographe au plomb, allongé entre eux fait des rêves d’Alde Manuce, de Christophe Plantin, de Fournier le jeune, d’Ambroise Didot, de Guy Lévis Mano... et de Gutenberg, bien sûr ! Euh, on m’a dit qu’aujourd’hui, c’était la fête des paires. Donc, la fête des paires de draps de lit en lin. Youpi !

P.-S. (10 minutes plus tard) : Et avec les draps de lin qu’on a bien rêvé dedans pendant des années et des années, qu’ils sont devenus tout usés, plus fatigués que l’éditeur-typographe qui dort dedans, que les pauvres ne sont plus utilisables sur un lit parce qu’ils sont déchirés, troués, enloqués d’un peu partout, on les refile à un papetier à l’ancienne qui va en faire de la pâte à papier, puis du papier à partir de la pâte. Du papier si tant beau, si tant agréable au toucher, si tant sensuel qu’on ne peut pas faire autrement que de fabriquer des chouettes livres avec, imprimés avec de l’encre de vernis d’huile de lin et cousus avec du fil de lin. Et toc !

Publié le 15/06/2025 @ 17:44  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir? Ajouter le vôtre ?   Prévisualiser...   Imprimer...   Haut
Histoire d'amour...  -  par cls

En rouge et vert

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Elle était là, souriante, aguicheuse, provocante même, et en petite tenue... Alors lui, plus tout jeune mais encore vert, n’a pas pu résister. C’est la loi de l’attraction universelle, et ce qui est valable pour les planètes, les corps célestes, l’est aussi pour les corps humains. L’ennui, dans cette histoire banale, si banale qu’elle tient à l’universel, c’est qu’elle était à Lyon et qu’il était à Paris. Ils n’ont jamais pu se rencontrer. Malgré leur désir, les forces d’attraction étaient trop faibles. Vacherie de physique ! Ah la la ! les grandes histoires d’amour sont toujours désespérées.

Publié le 14/06/2025 @ 11:03  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir? Ajouter le vôtre ?   Prévisualiser...   Imprimer...   Haut
Art de rue  -  par cls

Éphémère...

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Cette photo a été prise par une belle journée ensoleillée, rue des Boulets, à Paris, dans le 11e arrondissement. Non ! Mesdames les parisiennes, non ! Messieurs les parisiens, ne vous précipitez pas rue des Boulets pour contempler l’œuvre d’art photographiée, elle n’existe plus. La photo a été prise car nous craignions, justement, qu’elle ne disparaisse, et nous voulions en garder la trace. Pourquoi ? Parce que nous la trouvions intéressante, bien construite, à partir d’un matériau modeste — de simples cannettes en aluminium détournées de la poubelle — parce qu’elle était positive, parce qu’elle ne se faisait aucune illusion au sujet de sa durée de vie, parce qu’elle apportait un joli message, parce qu’elle provoquait la réflexion sur l’art, parce que son message était calligraphié dans une linéale allongée simple et efficace, parce qu’il est bien (merci, l’artiste anonyme !) de vouloir agréablement décorer les murs des villes plutôt que de les ruiner avec d’infâmes signatures.

Ça vous suffit, comme raisons ? Oui ? Dans ce cas-là, circulez, y’a plus rien à voir...

Publié le 13/06/2025 @ 13:15  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir? Ajouter le vôtre ?   Prévisualiser...   Imprimer...   Haut
Hôpital et école  -  par cls

Solutions...

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On connaît la situation catastrophique des finances françaises. On nous en rebat les oreilles dans tous les medias d’information. Et on connaît les deux points noirs qui grèvent le budget : l’hôpital et l’éducation.

On atermoie, on atermoie, pourtant la résolution de ce problème est simple. En ce qui concerne l’hôpital : laisser mourir tous les malades, ce qui relancera l’économie funéraire (se pose toutefois la difficulté des crémations qui nuisent à la couche d’ozone avec les fumées) ; de plus cela allégera le budget de la sécurité sociale. Ne soigner que les gens bien portant qui pourront ainsi, par leur vitalité et leur travail acharné, servir positivement l’économie nationale.

Pour ce qui est de l’école, la situation à régler n’est pas beaucoup plus compliquée. La vocation professorale est en très nette baisse, certes, cela s’explique par le manque d’attractivité financière du métier et surtout par le risque omniprésent de se faire assassiner par un élève. Que les professeurs se convertissent tous en agents des pompes funèbres, un secteur en plein essor économique (voir plus haut) et laissons écoles, collèges, lycées, voire universités entre les mains des seuls élèves ou étudiants afin qu’ils puissent s’entretuer entre eux. Par cette pratique ils vont acquérir une rapide expérience dans le métier d’assassin qui ne nécessite pas beaucoup de compétences, avouons-le, et qui peut surtout se passer de professeurs et de théories. Nantis de ce savoir pratique, ils pourront, après leurs années d’apprentissage, entrer au service de l’état, comme militaires ou comme agents du service de renseignement extérieur, par exemple, ou bien ils iront verser dans le privé, cooptés par telle ou telle bande mafieuse qui se félicitera de les avoir embauchés. Ainsi règle-t-on la crise des débouchés pour les jeunes.

La situation de l’école, une impasse ? Qui pourra bientôt prétendre cela sans rougir de honte !

Publié le 12/06/2025 @ 15:01  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir? Ajouter le vôtre ?   Prévisualiser...   Imprimer...   Haut
Intelligence artificielle  -  par cls

L’IA, moi, j’y crois pas
Artificielle, certes, mais est-elle intelligente, et surtout bonne chercheuse ?...

Voici quelques jours j’ai fait joujou avec des « intelligences artificielles » qui fabriquent des images et j’en ai posté quelques résultats que j’estimais rigolos sur le blog du site. Je voulais en rester là mais, en secret dans les tubulures intimes de mes circonvolutions d’élocution cérébrales et secrètes, quelque chose se développait qui grossissait à vue d’œil comme champignon sous la pluie, le doute, pris par la main par la volonté d’en savoir plus, d’approfondir pour mieux comprendre. Alors, enfermé à double, triple ou quadruple tour dans l’endroit le plus inaccessible et reculé, sombre et désolé, de mon atelier, j’ai expérimenté. Et mes expérimentures pas menteuse m’ont tissé une représentation effayante de ce que je n’osais croire tout en croyant que c’était crédible : l’IA ment dans ses linéaments, elle nous berce pour nous berner, elle invente au lieu d’inventorier.

Pour fabriquer des images avec la machine, le principe est simple. On décrit avec des mots, le plus précisément possible, l’image que l’on veut obtenir (ça s’appelle un prompt), et on demande à la machine de fabriquer l’image décrite. La machine se débrouille toute seule ensuite pour la créer de toutes pièces. De préférence, il faut parler à la machine en anglais, parce que c’est dans cette langue-là qu’on l’a éduquée, avec le petit doigt en l’air et le monocle sur l’œil droit, en regardant fumer sa tasse de thé ou une autre abomination de la même espèce. Mais on peut aussi lui parler dans une autre langue, dans ce cas, avant de bosser, elle traduit la langue écrite dans son anglais à elle. Parce qu’elle est intelligente et superlumineuse en envoyant des feux d’artifices au ciel.

Moi, dans ma stupidité crasse de typographe au plomb arriéré, je pensais que le temps que la machine mettait pour produire son image se décomposait en trois parties : dans la première partie, analyse du prompt pour comprendre ce qu’on lui demande (précédée d’une éventuelle traduction, je viens de le dire, j’espère que vous suivez, ou que vous me devancez), ensuite, une fois qu’elle a compris (ou cru comprendre) ce qu’on lui demandait, recherche documentaire sur l’interflou, ou sur l’interpub, ou sur ses bases de données personnelles qu’elles ne sont qu’à elle en toute propriété, avec copyright, copyleft, copyup, copydown, et angularcopy pour faire bon poids, et enfin, un temps de fabrication à partir de ce qu’elle a compris et analysé, ainsi que de ce qu’elle a glané comme informations, de-ci de-là, cahin-caha, à gauche, à droite, partout, même au milieu, va petite, va chemine, va trottine et produit-nous cette satanée image, par la barbe de Gutenberg... ou, non, plutôt, par la barbe de Nicéphore Niepce !

Eh bien non ! Je peux me mettre le doigt dans l’œil, ou dans les deux yeux, successivement parce qu’avec un seul doigt, on ne peut pas se le mettre dans les deux yeux en même temps, ou alors il faut deux doigts... Euh, donc, je peux me mettre deux doigts dans les deux yeux mais je pense que la recherche documentaire, tintin (sans Milou), on n’y a pas droit avant la fabrication de l’image. L’image, elle l’imagine, la machine. C’est une très grande imagineuse, avec de l’imaginure plein partout qui graisse ses petits 1 et ses petits 0. Elle en déborde dans tous ses minuscules tuyaux en silicium brossé et tirés à quatre épingles dopées à l’arsenic ou au gallium.

Vous ne me croyez pas, bandes de saints Thomas l’imposteur, bandes de voyageurs sur les lettres de l’Océan Atlantique et qui nient y être. Et pourtant, c’est celui qui nie qui y est, comme on dit dans toutes les cours de récréation, et dans tous les cours de vos vies, en remontant le cours saccadé de mes pensées pour vous forcer à créduliser votre comportement à l’aune de mon credo à moi. Vous voulez des preuves ? Tiens, n’en v’la !

Pour étayer mes soupçonnures, ou les balayer d’un grand revers de la main, généreux, noble et compatissant, j’ai décidé de commencer par une demande d’une simplicité angélique et d’une évidence cartésienne :

Un jardinier avec une carotte à la main.

Jardinier-Carotte.jpg

Ça plait à tout le monde, les carottes, Bugs Bunny me le confirme tout bas à l’oreille pendant que j’écris, sauf bien sûr à ceux qui n’aiment pas les carottes ou à ceux qui n’aiment pas la couleur orange. J’ai mon image. Mais j’avais demandé UN jardinier, pas UNE jardinière de légumes, souriante, certes, mais aux ongles peints ce qui, sans être sexiste le moins du monde, me semble incompatible, du moins si l’on veut garder la fraîcheur et l’éclat du vernis, incompatible avec le jardinage maraîcher. Je peux malgré tout me tromper. Le vernis protège peut-être les ongles des attaques sournoises des lombrics en furie ou des courtilières en goguette. Malgré son sourire un peu niais, son menton et ses sourcils un peu trop virils, ma légumière a l’allure sympathique d’une personne qui ne cherche pas midi à quatorze heures, d’autant plus qu’à midi, pour commencer, on a décidé de faire des carottes râpées. C’est là qu’on remarque que la carotte semble sortir d’un étal de supermarché, avec ses fanes fanées et son beau corps replet exempt de la moindre trace de terre ! En conclusion, je ne peux pas dire que l’image me déplaît. Elle colle assez bien avec le descriptif succinct que j’ai donné. On est dans un jardin (c’était implicite), on a une carotte, on a un bipède carottofacteur. Passons maintenant à une demande plus personnelle, plus compatible avec le ton du site :

Un typographe au plomb avec un composteur à la main.

Typographe-Composteur-01.jpg

Allez, on recommence...

Typographe-Composteur-02.jpg

On recommence encore...

Typographe-Composteur-03.jpg

Là, visiblement, on a un petit problème. Les typographes sont assez crédibles, entre deux âges et plutôt sérieux, mais les composteurs... les composteurs ! Caca-strophe, comme disait ma fille quand elle avait quatre ans. Une vraie cacastrophe. Sans compter que les caractères, assez crédibles ma foi eux aussi, dans l’ensemble, le seraient encore plus s’ils étaient à l’envers pour avoir le privilège d’imprimer leur empreinte encrée et sacrée à l’endroit sur le papier.

Il va falloir régler illico presto majestuoso le sort des composteurs. Exit les typographes pour l’instant, on les fera peut-être revenir plus tard, on se concentre maintenant sur l’outil indispensable ; l’outil sans lequel le typographe ne serait qu’un péquin sans intérêt, un vulgaire tiré de l’innombrable, un quidam anonymisé, un je-ne-sais-quoi, un presque rien, un pas-grand-chose, à peine un bipède ordinaire, voire infra-ordinaire. C’est l’outil frère, ou l’outil ami-comme-cochon, le composteur. C’est le chef de tous les outils du saint-jean, qui ne quitte jamais son homme que le soir quand, rompu de fatigue par des heures debout à faire tinter la lettre sur lui, le typographe va s’écrouler sur son galetas infâme et crasseux, les bras en croix comme au supplice, abruti par le travail de la journée ou par la muflée qu’il s’est octroyée au bistrot pour oublier le travail qui l’avait abruti de fatigue.

Le composteur, donc. Celui du typographe, bien sûr, qui n’a strictement rien à voir avec celui du jardinier. Une invention moderne, celui du jardinier. On entasse des trucs pourris dedans et par le miracle du Saint Esprit, du sainfoin ou du Cinzano, ça se transforme en bonne terre à cultiver les carottes. Alleluia ! Le composteur du typographe, lui, a quelques siècles d’avance par rapport à l’autre. Il ne transforme pas le pourri en pas pourri. Ni l’eau du robinet en pinard délectable. Il fait de l’alchimie. Il transforme le plomb du caractère en l’or du livre. Nuance. Le livre, ça peut contenir du pourri, quand l’auteur en est un, mais c’est pas du pourri par nature. C’est du papier (en général) avec des taches d’encre dessus, des taches qu’on appelle des lettres, qui assemblées forment des mots, qui assemblés forment des phrases, qui assemblées forment un livre qui, écrit et lu, forme une pensée. Et tout ça grâce au composteur du typographe. Balaize, le composteur !

Donc, maintenant on va demander à la machine qu’elle nous propose une image de composteur. Sans typo qui typote, on ne précise pas non plus l’environnement, elle va sans doute nous en proposer un, mais on s’en fout un peu, ce qu’on veut, c’est un composteur, juste un composteur. Un composteur normal, qui a une gueule de composteur. Pas un délire baroque. Un composteur tout simple, utile, banal. Alors, on demande à la machine :

Un composteur de typographe au plomb.

Là, il faut préciser avant de donner le résultat de la demande, qu’on n’a pas affaire ici à une seule machine avec une seule « intelligence » mais à plusieurs de ces « intelligences » et plusieurs réglages possibles de ces « intelligences ». On les a toutes fait bosser, ça coûte pas plus cher, et puis comme elles ne se fatiguent pas — on leur refile tous les petits électrons qu’elles veulent pour bouffer — on n’a pas de scrupule à les faire bosser tant et plus, elles sont gavées comme des oies. Et voilà les images-résultat. Le nom de l’« intelligence » qui a produit chaque image est précisé dessous, histoire qu’on n’attribue pas à saint Pierre ce qui appartient à saint Paul, ou à qui que ce soit d’autre.

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Any-dark

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Claude-hybridspace

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Deepseek

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Deepseek-r1

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Deepseek-reasoner

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Evil

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Flux

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Flux-3d

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Flux-ablyai

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Flux-anime

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Flux-realism

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Gemini

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Gemini-thinking

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Hormoz

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Llama

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Llamaguard

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Llamalight

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Midijourney

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Mistral

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Openai

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Openai-large

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Qwen-coder

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Rtist

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Searchgpt

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Turbo

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Unity

Ça fait beaucoup, hein ! et pas une de ces « intelligences » n’a réussi à me fabriquer une image correcte, ou simplement plausible, de mon composteur. C’est là que je me dis : « Eh ! pomme à l’eau, tu lui as demandé en français. Si ça se trouve, la machine a tout compris de travers parce qu’elle comprend mieux Shakespeare que Molière, Oscar Wilde qu’André Gide, Dashiell Hammett que San Antonio. Allez, bonhomme, traduit in english, please ! » Et on recommence, pour voir, avec :

A lead typographer’s composing stick.

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Any-dark

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Claude-hybridspace

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Deepseek

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Deepseek-r1

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Deepseek-reasoner

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Evil

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Flux

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Flux-3d

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Flux-ablyai

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Flux-anime

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Flux-realism

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Gemini

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Gemini-thinking

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Hormoz

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Llama

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Llamaguard

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Llamalight

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Midijourney

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Mistral

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Openai

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Openai-large

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Qwen-coder

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Rtist

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Searchgpt

Composing-stick-turbo.jpg

Turbo

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Unity

On s’aperçoit que c’est pas mieux dans la langue de Shakespeare, de Wilde ou de Hammett que dans la nôtre, y’a quelque chose de pourri au royaume de l’IA. Pourtant, quand on demande à un moteur de recherche ordinaire, banal, bas-de-gamme : « Eh ! Moteur, c’est quoi un composteur de typographe au plomb ? », il répond :

Composteur-1-francais.jpg

... et en anglais :

Composteur-3-allemand.jpg

... et même en allemand :

Composteur-2-anglais.jpg

Donc, c’est pas bien difficile d’obtenir une image réelle et correcte d’un composteur, nom d’un petit bonhomme en bois (ou en métal) ! Et, si l’« intelligence » avait été intelligente ou même un peu consciencieuse, elle aurait demandé à son copain le moteur de recherche, avec qui elle copule salement : « Dis, chéri, c’est quoi un composteur de typographe au plomb, ou un composing stick, tu peux me le dire, chéri, et je ferai à tes algorithmes des trucs si tellement cochons que tu n’en reviendras pas ! » Là, tu penses bien que le moteur aurait accepté vite fait ! Tous des dégueulasses ! Et il aurait refilé le tuyau à l’IA parce que ça lui aurait titillé grave au niveau de ses algorithmes.

Donc, conclusion, l’IA, elle n’a pas demandé au moteur. Elle s’est contentée d’inventer n’importe quoi, censément pour faire plaisir à çui qu’a demandé, mais est-ce que ça vous fait plaisir réellement qu’on vous réponde n’importe quoi aux questions fondamentales que vous vous posez sur le sens de la vie ou sur la matière qui compose un composteur de typographe au plomb ? Je laisse la question sans réponse. Et je réitère ce que je disais au début : l’IA, moi, j’y crois pas. Elle est pas intelligente, c’est une flemmeuse imaginative, c’est tout. C’est tout, point. Un point c’est tout et basta !

Publié le 11/06/2025 @ 12:29  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir? Ajouter le vôtre ?   Prévisualiser...   Imprimer...   Haut
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