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Auteurs
Chronologique
Des barbares...
Casses
Divertissements
Fin-de-Siècle
Fourneau et Fornax
Impressions
Musées
Typographie
est un éditeur artisan établi en Champagne (dans le petit village de Bannes)
qui a aussi eu pendant 26 ans un atelier en Île de France (dans le petit village de Paris),
mais ne l'a plus.
L'atelier de Bannes.
L’histoire se déroule en un lieu déterminé mais dans un temps indéterminé. Un maçon, honnête homme, profitant d’une rare accalmie dans son travail, décide de ravaler la façade de son établissement, il travaille vite et bien, il a rapidement fini. Sur le mur nu et ravalé, il veut une enseigne belle, propre, nette, visible de loin. Il fait appel à un fabricant d’enseignes...
— On me l’avait conseillé, pourtant... « Tu vas voir, c’est un bon. Il est un peu cher, mais il bosse bien. » Et voilà le travail...
— Là ! là... Tu vois... c’est pas possible... de quoi j’ai l’air maintenant... Des conneries, j’en ai faites, comme tout le monde, des petites et des grosses, mais je ne les étale pas en grand sur les murs... Alors je l’ai appelé au téléphone... Je ne l’ai pas eu tout de suite, il m’a fait mariner, ce zozo, histoire de se la jouer grand personnage, grand seigneur d’enseigniste...
— Allôôôôôh... oui, c’est pourquoi ?... Ah ! c’est vous... J’ose croire que vous êtes satisfait de nos services... J’en suis même persuadé. Vous savez, nous avons recruté les meilleurs poseurs de la place. Ils sont irréprochables. Rapides, précis, consciencieux... Ah ! pendant que je vous ai au bout du fil, même s’il n’y a plus de fil de nos jours (rire étouffé), pensez à me régler le reliquat de facture. Comme on dit, les bons comptes...
— Ma cédille ! Qu’est-ce que vous avez fait de ma cédille !
— Euh... Je ne comprends pas...
— Je veux ma cédille ! Avec votre enseigne mal foutue, vous me faites passer pour un idiot !
— Je ne vous permets pas...
— Eh bien moi, je me permets, vous allez me poser ma cédille tout de suite, sinon je porte plainte...
— Écoutez, mon petit monsieur...
— Je ne suis pas votre petit monsieur. Je suis un client honnête dont vous bafouez la réputation. Je VEUX ma cédille !
— Puisque vous le prenez ainsi, et qu’il n’y a pas moyen de discuter avec vous, je raccroche...
— Et il a raccroché, le sagouin. J’ai bien essayé de le recontacter, mais il s’est mis sur répondeur... Je fais quoi, maintenant, sans cédille ? Ça ne peut pas rester comme ça... J’ai l’air de quoi ?... Voilà maintenant que je radote... il m’a mis en fureur, l’imbécile... Pour son reliquat, il peut se l’accrocher.
— Tu as cherché à t’en procurer une, de cédille, en passant par quelqu’un d’autre ?
— Je sais pas où ça se trouve, ces trucs-là... c’est pas mon métier...
— Avec un peu de chance, et en cherchant un peu...
Le maçon lève les yeux au ciel, lève ses bras à l’horizontale et les laisse retomber lourdement, en signe d’impuissance. Il baisse la tête, comme s’il se sentait vaincu. Mais...
— Oh ! Regarde !...
— Quoi ?
— Là, par terre, une cédille...
— ... Elle est pas bien belle mais elle fera l’affaire... une fois nettoyée...
— Si tu le dis...
L’histoire se déroule en un lieu déterminé mais dans un temps indéterminé. Un maçon, honnête homme, profitant d’une rare accalmie dans son travail, décide de ravaler la façade de son établissement, il travaille vite et bien, il a rapidement fini. Sur le mur nu et ravalé, il veut une enseigne belle, propre, nette, visible de loin. Il fait appel à un fabricant d’enseignes...
— On me l’avait conseillé, pourtant... « Tu vas voir, c’est un bon. Il est un peu cher, mais il bosse bien. » Et voilà le travail...
— Là ! là... Tu vois... c’est pas possible... de quoi j’ai l’air maintenant... Des conneries, j’en ai faites, comme tout le monde, des petites et des grosses, mais je ne les étale pas en grand sur les murs... Alors je l’ai appelé au téléphone... Je ne l’ai pas eu tout de suite, il m’a fait mariner, ce zozo, histoire de se la jouer grand personnage, grand seigneur d’enseigniste...
— Allôôôôôh... oui, c’est pourquoi ?... Ah ! c’est vous... J’ose croire que vous êtes satisfait de nos services... J’en suis même persuadé. Vous savez, nous avons recruté les meilleurs poseurs de la place. Ils sont irréprochables. Rapides, précis, consciencieux... Ah ! pendant que je vous ai au bout du fil, même s’il n’y a plus de fil de nos jours (rire étouffé), pensez à me régler le reliquat de facture. Comme on dit, les bons comptes...
— Ma cédille ! Qu’est-ce que vous avez fait de ma cédille !
— Euh... Je ne comprends pas...
— Je veux ma cédille ! Avec votre enseigne mal foutue, vous me faites passer pour un idiot !
— Je ne vous permets pas...
— Eh bien moi, je me permets, vous allez me poser ma cédille tout de suite, sinon je porte plainte...
— Écoutez, mon petit monsieur...
— Je ne suis pas votre petit monsieur. Je suis un client honnête dont vous bafouez la réputation. Je VEUX ma cédille !
— Puisque vous le prenez ainsi, et qu’il n’y a pas moyen de discuter avec vous, je raccroche...
— Et il a raccroché, le sagouin. J’ai bien essayé de le recontacter, mais il s’est mis sur répondeur... Je fais quoi, maintenant, sans cédille ? Ça ne peut pas rester comme ça... J’ai l’air de quoi ?... Voilà maintenant que je radote... il m’a mis en fureur, l’imbécile... Pour son reliquat, il peut se l’accrocher.
— Tu as cherché à t’en procurer une, de cédille, en passant par quelqu’un d’autre ?
— Je sais pas où ça se trouve, ces trucs-là... c’est pas mon métier...
— Avec un peu de chance, et en cherchant un peu...
Le maçon lève les yeux au ciel, lève ses bras à l’horizontale et les laisse retomber lourdement, en signe d’impuissance. Il baisse la tête, comme s’il se sentait vaincu. Mais...
— Oh ! Regarde !...
— Quoi ?
— Là, par terre, une cédille...
— ... Elle est pas bien belle mais elle fera l’affaire... une fois nettoyée...
— Si tu le dis...
L’été est là et bien là avec ses cohortes de bonheurs et de malheurs. Fini le printemps doux et odorant avec ses éclosions de fleurs au sol et sur les arbres qui n’en peuvent plus d’être beaux et majestueux comme toujours, mais avec en plus une touche de délicatesse et de fragilité toute végétale. L’été est là, avec une chaleur qu’il nous assène à coups de marteau, pour bien montrer sa présence de fanfaron calorifique.
Il nous impose sa présence, et, par la même occasion, il nous oblige, nous pauvres bipèdes bien démunis, bien humbles face à lui, à changer radicalement de comportement. Nous nous dévêtons quelque peu afin de les supporter, lui et sa chaleur envahissante. Le printemps, avec gentillesse, nous avait fait ranger manteaux, doudounes et duffle-coats, nous ne gardons dorénavant que T-shirts, chemises à manches courtes, pantacourts et shorts ; chemisiers arachnéens pour les dames ainsi que jupes légères et froufroutantes. À aucun degré il nous faut accumuler la chaleur. Nos pieds mêmes pensent renaître, nus, dans tongs, sandales ou spartiates. Exit les chaussettes. Et c’est là que le bât blesse et que les bas se blessent. Ou plutôt se sentent blessés par cet abandon.
« Quoi ? on ne veut plus de nous ? Scandale ! scandale ! À bas la sandale ! Et vive les bas Scandale !» La colère gronde chez les chaussettes tant et si bien qu’elles plongent de plain-pied dans la révolte, elles sautent à pieds joints dans la mare de la contestation.
Elles décident d’une grande manifestation nationale, d’un défilé impressionnant propre à marquer les esprits pour les siècles des siècles. Une action propre à entrer dans l’histoire...
C’est dans la Vallée au blé que s’est déroulée la manif. En file indienne, elles défilèrent une par une, sur plus de deux kilomètres, décidées, serrées, revendicatives, aux cris de : « Halte à la perversion et à la nudité ! », « Cachez-nous donc ces pieds que l’on ne saurait voir ! », « Bas ! Mi-bas ! Chaussettes ! Soquettes ! Même combat !...»
L’été est là et bien là avec ses cohortes de bonheurs et de malheurs. Fini le printemps doux et odorant avec ses éclosions de fleurs au sol et sur les arbres qui n’en peuvent plus d’être beaux et majestueux comme toujours, mais avec en plus une touche de délicatesse et de fragilité toute végétale. L’été est là, avec une chaleur qu’il nous assène à coups de marteau, pour bien montrer sa présence de fanfaron calorifique.
Il nous impose sa présence, et, par la même occasion, il nous oblige, nous pauvres bipèdes bien démunis, bien humbles face à lui, à changer radicalement de comportement. Nous nous dévêtons quelque peu afin de les supporter, lui et sa chaleur envahissante. Le printemps, avec gentillesse, nous avait fait ranger manteaux, doudounes et duffle-coats, nous ne gardons dorénavant que T-shirts, chemises à manches courtes, pantacourts et shorts ; chemisiers arachnéens pour les dames ainsi que jupes légères et froufroutantes. À aucun degré il nous faut accumuler la chaleur. Nos pieds mêmes pensent renaître, nus, dans tongs, sandales ou spartiates. Exit les chaussettes. Et c’est là que le bât blesse et que les bas se blessent. Ou plutôt se sentent blessés par cet abandon.
« Quoi ? on ne veut plus de nous ? Scandale ! scandale ! À bas la sandale ! Et vive les bas Scandale !» La colère gronde chez les chaussettes tant et si bien qu’elles plongent de plain-pied dans la révolte, elles sautent à pieds joints dans la mare de la contestation.
Elles décident d’une grande manifestation nationale, d’un défilé impressionnant propre à marquer les esprits pour les siècles des siècles. Une action propre à entrer dans l’histoire...
C’est dans la Vallée au blé que s’est déroulée la manif. En file indienne, elles défilèrent une par une, sur plus de deux kilomètres, décidées, serrées, revendicatives, aux cris de : « Halte à la perversion et à la nudité ! », « Cachez-nous donc ces pieds que l’on ne saurait voir ! », « Bas ! Mi-bas ! Chaussettes ! Soquettes ! Même combat !...»
Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.
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Fornax éditeur 18, route de Coizard, 51230 Bannes – France